Les 18 mesures de ce plan d’actions stratégiques 2010-2014 pour améliorer la prise en charge sanitaire des personnes détenues, présenté en octobre dernier, s’articulent autour de six axes portant respectivement sur la connaissance de l’état de santé des personnes détenues, la prévention et la promotion de la santé, l’accès aux soins, le dispositif de protection sociale, la formation et enfin l’hygiène, la sécurité et la salubrité des établissements pénitentiaires.
L’accès aux soins est un axe « majeur » de ce plan et comporte plusieurs mesures concernant la prise en charge des détenus présentant des troubles mentaux. La Garde des Sceaux a ainsi souligné « qu’un trouble psychiatrique plus ou moins grave est repéré chez 55 % des arrivants en détention, qu’un détenu sur 5 a fait l’objet d’un suivi psychiatrique à l’extérieur et que le taux de recours aux soins psychiatrique est dix fois supérieur chez les détenus par rapport aux personnes libres. De plus, parmi les patients pris en charge par les psychiatres travaillant en prison, 8 % sont atteints de troubles psychotiques ». Elle a estimé que l’offre de soins en la matière était « insuffisante », notamment en maisons centrales, rappelant que 90 suicides avaient été enregistrés en 2010 dans les prisons. L’idée générale est de « définir, au sein de chaque région, une offre de soins psychiatriques graduée et lisible ». Ainsi, par exemple, outre des activités de consultation, une prise en charge à temps partiel de type « atelier thérapeutique » ou CATTP devra systématiquement être développée.
Quant aux Unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA), chaque région pénitentiaire devra en posséder une (la première, à Lyon, est ouverte depuis mai 2010, d’autres suivront d’ici 2012).
Le plan souhaite également que chaque unité de consultation et de soins ambulatoires et chaque service médico-psychologique régional (SMPR) dispose d’ici 2014, de « locaux adaptés et fonctionnels ainsi que d’équipements ad hoc ». Quant à la lutte contre la toxicomanie, il sera nécessaire « dès l’entrée en prison de la repérer et de rendre les traitements de substitution accessibles à tous ». Il s’agira enfin d’organiser la préparation et la continuité des soins des détenus à leur sortie par « une proposition concrète et adaptée de prise en charge sanitaire, sociale, voire médico-sociale ».
Ce plan ambitieux devrait mobiliser 300 millions d’euros de moyens financiers supplémentaires pour 2010-2014, dont l’essentiel concernera l’accès aux soins et notamment la mise en place des UHSA. Rappelons enfin qu’au 1er septembre 2010, 60 789 personnes étaient détenues en France.
Plan d’actions stratégiques 2010-2014, Politique de santé pour les personnes placées sous main de justice », ministère de la Santé et des Sports, ministère de la Justice et des Libertés ; www.sante-sports.gouv.fr ; www.justice.gouv.fr