L’écriture autobiographique du « fou »

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Le site "Comme des fous – Petits comprimés de folie" publie un excellent texte d'Agathe Martin sur l'aveu par "l’écriture de soi ou la tentative de résolution d’une injonction paradoxale de l’institution psychiatrique"

« Il apparaît que l’aveu autobiographique du fou, constitue une forme de «super-aveu» spontané et exhaustif qui requalifie le fou en «fou-pas-si-fou» pour l’institution et la société et qui peut constituer un sésame pour l’insertion sociale. Dans mon cas spécifique de sujet «fou», peut-on parler d’une forme d’aveu? » Agathe Martin

L’écriture autobiographique est une pratique très répandue chez les personnes atteintes de pathologie psychiatrique. Que ce soit à travers des ateliers d’écriture réalisés au sein des structures médico-sociales ou par un exercice libre du récit de soi par l’autobiographie, de nombreux malades psychiques se prêtent à cet exercice littéraire sur soi.

Aujourd’hui, ce phénomène de l’écriture de soi des personnes connaissant ou ayant connu une schizophrénie, un trouble bipolaire, des états limites, ou d’autres pathologies psychiatriques graves, prend une autre ampleur avec la publication de leurs récits autobiographiques. Ainsi, une dizaine d’autobiographie de ce type paraissent chaque année en France et ce, depuis une dizaine d’année. Ces écrits autrefois confinés au seul domaine de l’intimité de leur auteur deviennent des livres édités. Accompagnent ce mouvement, des révélations de la part de personnalités se déclarant malades psychiques.

Ces deux faits posent la question de la fonction pour ces auteurs et personnalités de la fonction pour eux de cette démarche de récit de soi. Pourquoi écrire son autobiographie lorsque l’on est atteint d’une pathologie psychiatrique ? Est-ce là une action politique visant à faire reconnaître comme acteur de la société les personnes atteintes de pathologie ? Est-ce une action cathartique visant à alimenter un processus de rétablissement ? Entre tentative de gouvernement de soi et tentative de gouvernement des autres, ces questions, qui se posent pour l’ensemble des personnes atteintes auteures de leur autobiographie, se pose également pour moi, malade psychique passée par plusieurs écrits de soi.

C’est par l’analyse de ma propre démarche que je vais chercher à élucider le rôle de l’écriture de moi dans mon parcours que celui-ci soit perceptible un parcours de rétablissement ou comme un processus de subjectivation. Le rétablissement et la subjectivation sont deux éléments en interaction et ne peuvent réellement se distinguer dans une (re)-construction de soi. Ce sera donc à ma démarche d’écriture que je vais m’intéresser et des liens de cette écriture de moi avec ma subjectivation. LIRE LA SUITE…