Un avis du Comité national d'éthique et un film, sur des plans différents, permettent de réfléchir à la question du handicap et de l'accès à la sexualité.
Plusieurs associations de personnes touchées par un handicap revendiquent une réglementation complémentaire et adaptée concernant les fréquentes carences de leur vie affective et sexuelle, certaines demandant la mise en place de services d’accompagnement sexuel, comme en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Suisse.
Dans ce contexte, en 2011, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, avait saisi le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), qui vient de rendre un avis négatif, estimant en particulier que l’aide sexuelle « ne peut pas être une situation professionnelle en raison du principe de non-utilisation marchande du corps humain. »
Au-delà de cette conclusion, les sages posent des principes fondamentaux de la sexualité, du corps et du rôle de la société dans la satisfaction de cette dimension humaine essentielle. Au vu de nombreux témoignages, ils estiment que « la revendication des personnes handicapées est avant tout d’accéder à une vie affective (…), d’être reconnues comme en étant porteuses et comme possibles objets de désir, susceptibles d’entrer dans une relation de séduction réciproque. Elles demandent à pouvoir s’inscrire dans une relation duelle qui introduit dans la relation de deux personnes le désir et le fantasme mais également l’érotisation et l’accomplissement sexuel. » Qui doit et peut faire quoi ?… Sans occulter la souffrance des individus, le CCNE estime que « l’aide sexuelle comporte des risques importants de dérive » et explore dans le détail les conséquences émotionnelles et physiques qu’elle induit. Se fondant sur le droit actuel, le CCNE conclut qu’« il semble difficile d’admettre que l’aide sexuelle relève d’un droit-créance assuré comme une obligation de la part de la société et qu’elle dépende d’autres initiatives qu’individuelles. »
Le film The sessions, tiré des écrits du poète Mark O’Brien, handicapé moteur, aborde avec finesse et retenue des questions essentielles.
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Avis n° 118, Vie affective et sexuelle des personnes handicapées, Question de l’assistance sexuelle. À télécharger sur www.ccne-ethique.fr