205 millions pour le Plan autisme 2013-2017

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Elaboré en concertation avec toutes les parties prenantes « dans un esprit de respect et d’apaisement », le troisième Plan autisme 2013-2017 a été présenté en mai par Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées.
Doté de 205 millions d’euros (soit 18 millions de plus que le précèdent), le Plan est construit autour de 5 grands axes. Notons d’emblée que globalement, il entérine les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) et de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) (1), qui préconisent une prise en charge fondée prioritairement sur une approche éducative, comportementale et développementale. Ce plan s’appuie majoritairement sur les ressources existantes en les réorganisant et en les faisant évoluer par diverses incitations financières et de développement.

– Diagnostiquer et intervenir précocement.
Ce premier axe « phare » doit permettre un repérage des troubles dès 18 mois (1) (au lieu de 6 ans actuellement en moyenne). À cette fin, un dispositif sera décliné dans chaque région, sur trois niveaux de repérage :
– L’alerte. Ce premier niveau doit favoriser le repérage des troubles par les professionnels de la petite enfance et médicaux. Outre des formations, la refonte globale du carnet de santé de l’enfant intégrera des items pour le repérage de l’autisme.
– Le diagnostic « simple ». Ce deuxième niveau sera réalisé autour d’une équipe pluridisciplinaire par département, à partir des centres existants renforcés par des créations de postes sur la base d’engagements contractuels.
– Le diagnostic « complexe ». Ce troisième niveau s’appuiera sur les Centres ressource autisme régionaux, associés à au moins une équipe hospitalière experte.
Par ailleurs, un réseau de prises en charge précoces et intensives sera constitué, basé d’une part sur les structures existantes s’engageant dans cette démarche avec des moyens renforcés et, d’autre part, sur de nouveaux Services d’éducation spécialisée et de soins à domicile (SESSAD) créés pour accueillir et intervenir auprès des très jeunes enfants.

– Accompagner tout au long de la vie.
S’adressant aux adultes autistes, ce volet prévoit en particulier la création de 1 500 places en Maisons d’accueil spécialisées, Foyer d’accueil médicalisés, Services d’accompagnement médico-social pour adulte handicapé.

– Soutenir les familles, en les aidant à être présentes et actives tout en prévenant les situations d’épuisement et de stress. Cette ambition envisage de meilleures conditions de formation des parents et la création de 350 places d’accueil temporaire leur permettant du répit. 15 places devraient être créés par région, au sein de petites unités d’accueil rattachées à un dispositif d’accueil permanent.

– La recherche est incitée à travailler sur les causes et les mécanismes de l’autisme.
– La formation de l’ensemble des acteurs de l’autisme, c’est-à-dire du médico-social mais aussi la communauté éducative, sera accentuée.

Pour chaque mesure, 37 « Fiches-actions » définissent les objectifs, les acteurs concernés, le financement, les éléments de suivi et de résultats.

Les associations d’usagers saluent le soutien de la ministre et sa volonté à les impliquer davantage, notamment au niveau du suivi du Plan. L’association Autisme France exprime toutefois des « inquiétudes qui restent » : « Même si les ambitions financières de ce plan dépassent celles du deuxième plan, les propositions de créations de places restent très en deçà des besoins (…) La réforme de l’existant, si elle est souhaitable, prendra des années (…) ». Selon Vaincre l’autisme, il est regrettable que ce plan ne prévoit pas de structures expérimentales ou innovantes.
Côté psychiatrie, notons que le Collectif des 39 (2) estime que ce plan comporte des points intéressants (le fait de favoriser le diagnostic précoce, de créer des places en institution, d’améliorer l’accueil des enfants à l’école et l’accès aux soins somatiques des personnes autistes), mais regrette qu’il « constitue une application aveugle de la dernière recommandation de la HAS. (…)».
1– Autisme et autres TED. Interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent. HAS-Anesm, mars 2012, www.has-sante.fr
2– Le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire est un mouvement réunissant des psychiatres, voir www.collectifpsychiatrie.fr Il organise une table-ronde sur ce 3e Plan autisme avec les psychiatres Elisabeth Roudinesco et Pierre Delion le 31 mai à Villejuif, dans le cadre des Assises citoyennes pour l'hospitalité en psychiatrie.

  •  3e Plan autisme (2013-2017). Ministère des Affaires sociales et de la Santé. Mai 2013, 121 pages. A télécharger sur www.social-sante.gouv.fr