Lorsqu’elle est intégrée de manière encadrée dans une démarche thérapeutique, l’IA peut soutenir le travail clinique. Mais utilisée de manière autonome, hors de tout cadre contenant, elle peut aussi exposer certains sujets à des impasses narcissiques ou à des illusion relationnelles.
D’une manière inédite dans l’histoire de l’humanité, des personnes entrent aujourd’hui en relation avec des machines comme elles le feraient avec des humains. L’arrivée de l’intelligence artificielle (IA), notamment sous la forme d’agents conversationnels comme ChatGPT, marque un tournant majeur, non seulement technologique, mais psychique. Ce que ces outils viennent bouleverser, ce sont aussi nos représentations (peur du remplacement, sentiment d’être dépassé, fascination ou rejet). Dans le champ de la santé mentale, ces mutations interrogent de manière aiguë la nature même du lien thérapeutique. Certains praticiens utilisent déjà l’IA comme un outil de soutien au travail clinique. D’autres usages de la part de patients, plus spontanés ou solitaires, posent la question du « remplacement symbolique » du thérapeute humain. Ce texte propose ainsi d’explorer les enjeux cliniques, subjectifs et anthropologiques de cette nouvelle relation aux IA : que révèle-t-elle de notre rapport à l’altérité ? Quels profils psychiques rendent possible une telle relation ? Et plus largement, assistons-nous à une mutation du lien, où l’Autre humain tend à être remplacé par une figure technologique façonnée à notre image ?
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