N° 296 - Avril 2025

Comment l’agresseur sexuel fait taire sa proie…

Auteur(s) : Joanna SMITH, Psychologue, psychothérapeuteNbre de pages : 6
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Pour sortir de l’emprise associée aux violences sexuelles, il faut comprendre comment l’agresseur l’a progressivement mise en place. Trois modalités relationnelles émergent : l’effraction, la captation et la programmation.

Dans les violences sexuelles sur mineurs, l’emprise est, de loin, le mode opératoire le plus fréquent. En effet, seules 1 % de ces agressions s’accompagnent de violence physique additionnelle, et 85 % sont commises par une personne connue de l’enfant ou de l’adolescent, le plus souvent un proche. Pour sortir de l’emprise associée aux violences sexuelles, il est nécessaire de comprendre comment l’agresseur l’a déployée, et ce qui la compose. Or, sa mise en place est souvent progressive, insidieuse, au point que la victime (et souvent son entourage) ne s’en aperçoit pas. Ne pas voir l’emprise et ses composantes entretient et consolide les sentiments de culpabilité de la victime, qui se perd en auto-reproches et en questionnements erronés : « Pourquoi n’ai-je pas dit non ? Pourquoi n’ai-je pas révélé les faits ? » ou : « Pourquoi ne pas avoir parlé plus tôt ? N’ai-je pas trouvé un bénéfice ou du plaisir aux agressions ? Est-ce que c’était vraiment du viol ? » … Ces questionnements sont biaisés car ils ne tiennent pas compte du contexte d’emprise. Les doutes et auto-accusations de la victime sont eux-mêmes un signe de l’emprise persistante de l’agresseur.
Aider une victime de violences sexuelles à se reconstruire après l’emprise, c’est l’aider à passer de « pourquoi je n’ai pas dit non ? » à « comment l’agresseur m’a-t-il empêchée de dire non ? ». L’emprise est un mécanisme subtil et lent, qui touche non seulement la victime, mais aussi souvent ses proches et ses parents par exemple lorsqu’il s’agit d’un enfant.

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