Rencontrer le patient sourd en psychiatrie

N° 293 - Décembre 2024
FacebookXBlueskyLinkedInEmail

L’équipe Psy’surdités s’attache non seulement à identifier une symptomatologie chez des patients sourds et malentendants, mais aussi à l’appréhender et la comprendre avec ce que donnent à voir l’expression corporelle, l’iconicité et tous les paramètres de la langue des signes. Illustration avec l’histoire de Gabrielle, qui consulte pour des troubles dépressifs.

Depuis septembre 2023, au CH du Rouvray, l’unité ambulatoire Psy’surdités accueille des patients sourds et malentendants souffrant de troubles psychiques pour des consultations avec psychiatre et/ou infirmière, selon le mode de communication de leur choix. Ce projet original, a pu être développé grâce au Fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie (Fiop) (1), pour répondre à une problématique insuffisamment prise en compte dans l’Hexagone. Au-delà de la consultation, les objectifs de cette unité sont de :
– créer un centre de référence pour l’accueil en psychiatrie des sourds/malentendants ;
– favoriser et faciliter leur accessibilité aux consultations en santé mentale et à l’information des troubles de santé mentale ;
– prévenir et sensibiliser aux troubles psychiques/psychiatriques les personnes sourdes et malentendantes, les personnels de soins et éducatifs, les parents ;
– aider au diagnostic, à l’évaluation des maladies mentales de ces personnes sourdes communiquant en langue des signes française (LSF) ;
– aider et conseiller les équipes de soins hospitalières, d’institutions ou de maisons de retraite par télémédecine pour la région Normandie ;
– devenir centre de formation de professionnels pour la prise en charge des personnes sourdes en psychiatrie.
L’équipe Psy’surdités est bilingue français/LSF. Elle se compose d’« entendants » (2) (Holcomb, 2016) et de sourds : ces deux cultures (entendante et sourde, 3) s’additionnent, entrent en perpétuelle discussion pour favoriser la relation de soin et adapter le discours au plus grand nombre de personnes. Comment décrire les symptômes et proposer des soins ? Quel « langage commun » ? Il s’agit de trouver la meilleure correspondance sémantique entre les deux langues et de repenser la sémiologie psychiatrique.
Cet article présente nos réflexions pour déployer cette clinique particulière auprès de patients aux modes d’expression très différents de nos représentations habituelles.

Pour poursuivre votre lecture

ou

Acheter l'article

10,00 €

Acheter le numéro