Evaluer l’accessibilité de MonParcoursPsy pour les victimes de fausse couche

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Si les Sénateurs ont adopté à l’unanimité la proposition de loi visant à améliorer l’accompagnement des couples confrontés à une fausse couche garantissant aux femmes confrontées à cette douloureuse expérience, ainsi qu’à leur éventuel partenaire, un accompagnement psychologique qualitatif, le dispositif préconisé « MonParcoursPsy » reste contesté.

Si les conséquences physiques d’une interruption spontanée de grossesse – saignements, douleurs abdominales ou infections – sont le plus souvent bénignes, les répercussions psychologiques peuvent dans certains cas être dévastatrices, notamment lorsque les victimes s’étaient déjà projetées dans leur future parentalité ou en cas de récidive. À la souffrance du deuil s’ajoutent de fréquents sentiments de culpabilité ou de honte.

Un mois après l’interruption spontanée de leur grossesse, 24 % des femmes souffrent d’anxiété modérée à sévère, et 11 % d’une dépression, soit des taux deux à quatre fois plus élevés que ceux recensés chez les femmes arrivées au bout de leur grossesse.

Les séquelles psychologiques peuvent persister dans le temps, entraînant des effets parfois importants tant sur les relations sociales des victimes que sur la viabilité de grossesses ultérieures : 9 mois après l’interruption spontanée, 17 % des femmes souffrent encore d’anxiété, et 5 % de dépression.

Les partenaires ne sont pas épargnés : cherchant à soutenir leur compagne, beaucoup ne se sentent pas légitimes pour évoquer leur douleur. À la suite d’une interruption spontanée de grossesse, les symptômes anxieux et dépressifs s’établissent à des niveaux élevés chez les partenaires, quoiqu’inférieurs à ceux constatés chez leurs conjointes

A ce stade, plusieurs amendements interrogent la pertinence du choix du dispositif MonParcoursPsy pour assurer l’accompagnement psychologique au sein de ce parcours de prise en charge. A travers ce dispositif depuis un an le gouvernement offre en effet la possibilité à toute personne qui présente des troubles légers à modérés le remboursement par l’Assurance maladie de huit séances par an d’accompagnement psychologique de 30 minutes.

Mais l’effectivité de ce dispositif est largement questionnable (voir notre article) : seuls 90 000 patients ont bénéficié du dispositif en un an avec en moyenne quatre consultation de 30 minutes par personne. En parallèle, 93% des 70 000 psychologues ont choisi de boycotter ce dispositif. Selon les sénateurs, « rien ne garantit qu’au travers du dispositif « MonParcoursPsy », les femmes et les couples visés par cette proposition de loi pourront bénéficier d’un accompagnement efficace. Il est donc impératif de réaliser une évaluation du dispositif dans les mois qui suivront l’implémentation de la nouvelle loi« .

Proposition de loi visant à favoriser l’accompagnement des couples confrontés à une fausse couche, Rapport n° 519 (2022-2023), déposé le 12 avril 2023.