Un livre très personnel où l’auteur se confie et montre dans le quotidien le Jacques Lacan que nous connaissons tous et qui répétait que « L’inconscient est structuré comme un langage ». Ce texte le confirme.
Betty Milan effectue une cure psychanalytique avec Lacan dans les années 1970. Elle sera par la suite son assistante au département de psychanalyse de l’université de Vincennes. Descendante d’immigrants libanais et victime d’un certain ostracisme, elle considère que sa psychanalyse lui a permis d’éclairer sa route et de s’accepter telle qu’elle était. Médecin diplômée de l’université de Sao Paulo, elle partage actuellement sa vie entre ses « racines » brésiliennes et Paris.
Dans son ouvrage, Betty Milan revient sur son analyse avec Lacan. Elle précise que celui-ci n’était pas guidé par le temps qui s’écoule (Kronos), mais par ce qui surgit dans la séance et ouvre l’opportunité du passage qui va venir scander la signifiance (Kairos), ce moment fugace qu’il faut savoir saisir. D’où les séances à durée variable en fonction de ce que dit l’analysant. Pour Betty Milan, en empruntant cette voie qui fait toujours controverse, Lacan a rendu à la psychanalyse sa virulence de ses débuts.
La durée dépendait de l’interruption opérée par Lacan au moment qu’il jugeait opportun. Cette scansion permet de comprendre pourquoi dans les Ecrits, il distingue le temps logique du temps chronologique.
Betty Milan cite à ce sujet un passage particulier de son analyse où Lacan l’interrompt brusquement sur le phonème Ra : « N’était-il pas logique d’interrompre mon discours quand s’est imposé la question des origines ? Ra m’a conduite à Rachid, le prénom de mon arrière-grand-père, de mon grand-père et de mon père. Une répétition qui se rattache au culte de Harun al Rashid, le calife qui a fait de Bagdad un grand centre culturel et qui constitue une référence pour tous les Orientaux – il figure dans plusieurs histoires des Mille et une nuits ».
Une lecture de Dominique BARBIER, Psychanalyste (Avignon)
Betty Milan, Pourquoi Lacan, Ed. Erès, coll. Psychanalyse autrement, août 2021, 12€.