18/11/2016

L’impact de l’informel dans le travail infirmier en psychiatrie

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Cette recherche en Soins Infirmiers en Psychiatrie est portée par deux infirmiers. L’un du CH le Vinatier (Sophie Tchukriel) et l’autre du CH de St Cyr au Mont d’Or (Jean-Paul Lanquetin) constitués en Groupe de Recherche en Soins Infirmiers (GRSI).

Nous sommes infirmiers et avons du construire parallèlement, et de manière exploratoire, une position de praticien chercheur. Pour le GRSI, la nécessité d’un parcours de recherche permet de valider des savoirs pratiques déployés dans les soins. Cette validation des données favorise alors une réappropriation de notre clinique et de nos métiers. Cette investigation a été validée et financée par le Conseil Scientifique de la Recherche du CH le Vinatier (69) lors de sa séance de décembre 2006 et ses conclusions ont été déposées en février 2012.

L’informel dans les soins et les pratiques infirmières en Psychiatrie constitue un thème incontournable. Celui-ci se manifeste de manière privilégiée dans l’écart conséquent entre activité réelle et saisie d’actes de soin, entre soins programmés et actions non programmées. Ces zones discrètes d’activité informelles peuvent représenter jusqu’à 50% du temps « non identifié », particulièrement en unités d’hospitalisations temps plein. Cette place importante est le plus souvent liée à la permanence des soins dans les aspects de la vie quotidienne, du « vivre avec » et de sa gestion. Ce constat conforte l’idée d’une approche qualitative et d’un recensement des compétences attendues pour identifier, utiliser, élaborer et gérer ces espaces temps. La question de la transmission des savoirs infirmiers, particulièrement celle des savoirs être et des savoirs faire pratiques est également largement soulevée avec cette part de l’exercice professionnel. Celle-ci fait par ailleurs l’objet de la circulaire (F) de janvier 2006 relative à la mise en place du tutorat d’intégration et de la consolidation des savoirs pour les infirmiers arrivant en psychiatrie.

Ainsi, identifier, nommer, qualifier et surtout caractériser les fonctions de l’informel dans le soin infirmier en psychiatrie, objectiver les savoirs faire mobilisés, mais aussi leurs impacts et leurs spécificités, affirmer la nécessité d’asseoir ces pratiques en attente d’expertises sur des données basées sur des preuves, tels sont les objectifs de cette Recherche en Soins Infirmiers (RSI). Ces objectifs sont mobilisés sur trois niveaux d’investigations : en direction du patient, du professionnel et de l’équipe.

L’approche retenue en a été une caractérisation par fonction qui permet de répondre à la question « A quoi cette action sert–elle ? ». C’est-à-dire, une approche qui va au-delà de l’acte et qui permet d’explorer les aspects périphériques de l’acte et du soin. Une approche susceptible d’introduire à partir de l’action et du geste, un scénario psychique professionnel qui lie ces deux aspects des réalités de travail, action et réflexion.
Cette recherche multicentrique a connu sa phase d’enquêtes de terrain auprès d’équipes de soins d’unités d’hospitalisation temps plein de quatre établissements de la région Rhône Alpes, établissements représentatifs de l’offre de soins publique sectorisée. Sur chaque établissement, deux unités ont été investiguées. Les enquêtes ont allié trois outils, des « entretiens semi-dirigés », des séquences « d’observations participantes périphériques » ainsi que des « dialogues en interaction avec l’action ».

Le traitement de ces données de terrain a abouti à la détermination de 3100 unités d’actions en lien avec l’informel. Cette détermination s’est construite avec une démarche de théorisation ancrée.
Les résultats se présentent sous une triple forme. Tout d’abord, le coeur de la recherche avec la caractérisation de 139 fonctions en lien avec ces pratiques informelles, puis l’approche quantitative de ces données qualitatives (variable de lieux, de temps, de sites, d’unités, d’attributions de fonctions, etc.) et enfin le dégagement d’invariants opératoires, c’est-à-dire des caractéristiques communes à tous les sites investigués.
L’ensemble de ces données permettent d’apporter une visibilité et une lisibilité à ces « dessous du soin ». Ces derniers s’appuient sur le réel, le journalier et ses objets comme autant de situations utilisées potentiellement comme des médiateurs de la relation. Par ses qualités de souplesse et de malléabilité, par sa réactivité et sa capacité à s’immiscer dans les moindres méandres du quotidien avec le patient, l’ensemble de ces micro et miniactes (Le Borteff – 1978) et de cet infraordinaire participe d’une trame et d’un maillage relationnel, lequel concoure à une construction de la relation avec nos patients. L’ajustement de ces actions et de ces interventions agit comme un opérateur initial et continu pour ces dimensions du soin psychique. L’ensemble de ses actions relèvent du rôle propre infirmier.

Actuellement, le GRSI est au carrefour de deux démarches, d’une part, il continue les opérations de restitution, de communication, de diffusion de notre rapport de recherche, de ses résultats et de ses conclusions et d’autre part, il accompagne les initiatives d’appropriation et d’intégration des résultats de recherche dans les pratiques. Pour cette dernière dimension, la terminologie désignant nos résultats de recherche a évolué vers un terme synthèse, le socle du prendre soin en psychiatrie ou Soclecare.

  • L’impact de l’informel dans le travail infirmier en psychiatrie. Recherche qualitative appliquée au domaine des soins infirmiers en psychiatrie. GRSI, 2014, non publié. 426 pages. A télécharger gratuitement ici.
N° 136 - Mars 2009

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