Peut-on être infirmier et ancien djihadiste ?

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Interpellés par les professionnels sur la situation d'un étudiant en soins infirmiers à la Pitié Salpêtrière, ancien prédicateur de la « filière des Buttes-Chaumont » qui a formé les frères Kouachi à l'idéologie radicale, les élus du Conseil de l’Ordre des Infirmiers de Paris se déclarent " choqué par la légèreté et l’irresponsabilité de ceux qui ont fermé les yeux depuis 2012, laissant cet étudiant effectuer ses stages dans les établissements hospitaliers, en mettant ainsi un ancien prédicateur djihadiste en contact avec des personnes en état de faiblesse physique et morale".

Ils rappellent que "La profession infirmière est réglementée : elle dispose d’une déontologie, et d’un Ordre qui sert de garde-fou, en s’assurant de la compétence et de la moralité de ses membres. Les employeurs responsables demandent une inscription ordinale, mais beaucoup ne prennent pas la peine de s’en assurer, aux dépends des patients soignés.

Lorsque que le casier judiciaire n’est pas vierge, la personne est entendue lors d’un Conseil, et ensuite chaque élu ordinal se prononce en son âme et conscience en fonction de l’ancienneté et de la gravité des faits. Les 23 conseillers du CDOI de Paris sont des infirmiers élus par des infirmiers. La composition du Conseil de Paris est bien le reflet de la diversité d’exercice de la profession : hôpital, clinique, libéral, EHPAD, éducation nationale, santé au travail (RATP, SNCF, Aviation civile), centre de santé, IFSI,…Tout le monde doit avoir sa chance, mais chaque patient a le droit d’être soigné en toute sécurité, quelles que soient ses convictions et son origine"

 

L'ordre infirmier national tient pour sa part à préciser que le cas de cet étudiant en soins infirmiers" illustre un problème plus général de fond : celui de l’accès aux études et de l’accès à la profession d’infirmière. Tout le monde peut-il accéder à cette profession ? Ne faut-il pas un contrôle approfondi y compris au moment de l’entrée dans les études ?
En l’espèce, l’Ordre national des infirmiers n’a à aucun moment été tenu informé ni par les autorités judiciaires ni par les autorités sanitaires du projet de l’entrée de cette personne dans les études infirmières. C’est donc l’occasion pour l’Ordre  de réaffirmer clairement et fortement sa conviction : la profession infirmière n’est pas une profession comme une autre.

C’est une profession réglementée dont l’accès est contrôlé tant sur des critères de compétence que de moralité et d’indépendance de ses membres, critères qui sont identiques quel que soit le lieu de l’exercice professionnel (secteur public ou privé, exercice libéral). C’est aussi une profession dotée d’un ordre professionnel, ce qui est réservé à seulement 16 professions en France qui remplissent toutes une mission sociale d’intérêt général de très grande valeur. Ainsi, les infirmiers  sont en contact direct et quotidien avec les patients qui placent en ces professionnels toute leur confiance.  Il est du devoir des infirmiers d’honorer cette confiance et du devoir de l’Ordre national des infirmiers de garantir à nos concitoyens les moyens de conserver cette confiance. L'Ordre regrette donc "que notre profession ne soit pas toujours considérée à la hauteur des exigences éthiques et de moralité que les citoyens sont en droit d’attendre de ses membres".

L’Ordre national invite tous les infirmiers à s'inscrire sur ces registres car il s’est vu confier par la loi de vérifier les compétences autant que la moralité en accédant notamment au casier judiciaire détaillé. C’est pourquoi l’Ordre souhaite également que soit considérée la possibilité que chaque étudiant se présente dès le début des études infirmières à l’Ordre afin que ces vérifications soient faites. Enfin, l’Ordre réaffirme les fondements républicains et laïques qui animent son action et rappelle en particulier, en conformité avec le code de la santé publique, que « L'infirmier ou l'infirmière dispense ses soins à toute personne avec la même conscience quels que soient les sentiments qu'il peut éprouver à son égard et quels que soient l'origine de cette personne, son sexe, son âge, son appartenance ou non-appartenance à une ethnie, à une nation ou à une religion déterminée, ses mœurs, sa situation de famille, sa maladie ou son handicap et sa réputation".

Lire le communiqué du Conseil de l'Ordre infirmier de Paris