N° 227 - Avril 2018

Prisons : l’enjeu majeur des soins psychiatriques

Auteur(s) : Pierre Thomas, Professeur de psychiatrie, CHU de LilleNbre de pages : 6
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Les pays européens voient augmenter de façon inédite la prévalence des troubles mentaux en milieu pénitentiaire. La détention aggrave les troubles de ces populations précaires, augmente les ruptures de soin et majore le risque de récidive.

Les études réalisées dans le monde indiquent invariablement que la santé des personnes incarcérées est plus altérée que celle de la population générale. Depuis les années 1990, l’ensemble des pays européens a connu une augmentation inédite de la prévalence des troubles mentaux en milieu pénitentiaire. Cette évolution n’est pas le simple fait de la réduction des lits de psychiatrie ni de l’évolution des politiques pénales. Elle traduit les conséquences d’une carence de plus en plus marquée de l’offre de soins destinés aux personnes souffrant de troubles psychiatriques associés à des conduites addictives, vivant dans la communauté dans des conditions souvent précaires. La détention, même de courte durée, augmente les risques de ruptures dans la continuité des soins et de la réinsertion. Les parcours des personnes qui se déplacent entre les dispositifs de soins et les institutions pénales devraient être davantage étudiés pour mieux définir les orientations des soins en psychiatrie et en santé mentale. Le décloisonnement des pratiques, la reconnaissance des compétences de chacun, le partage des formations notamment sur le problème crucial des comorbidités, concourent à l’amélioration de l’accès aux soins et à la diminution de la pénalisation des complications sociales des troubles psychiatriques.

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