Histoire sans parole
Tout en observant, l’infirmier doit s’ajuster au patient et à son groupe de référence, Un processus décrit de l’intérieur.
Tout en observant, l’infirmier doit s’ajuster au patient et à son groupe de référence, Un processus décrit de l’intérieur.
Il ne s’agit pas d’observer une fois pour toutes,le temps de poser un diagnostic. Il faut retourner sans cesse à la source : le patient. Creuser en sa compagnie, encore et toujours. En effet, une interprétation, une lecture n’est n’est jamais définitive. Elle est toujours en travaux, en construction.
La plainte hypocondriaque est à prendre au sérieux. Derrière le malade imaginaire qui prête à sourire peut se cacher un homme à bout. Il faut donc écouter la plainte hypocondriaque de la même façon qu’on écoute une personne qui exprime des idées suicidaires ou un délire de persécution. Il faut inlassablement travailler la sémiologie.
Les maux de ventre ou aux mâchoires, les conduites d’exhibition ou masturbatoires fonctionnent comme des soupapes de sécurité chez François qui n’a accès qu’à ce « langage d’organe », langage régressif pour dire son lien à l’objet…
L’intervenant en thérapie comportementale et cognitive ne doit pas oublier que le trouble hypocondriaque se présente toujours dans une condition individuelle et qu’il doit donc établir son plan d’intervention en fonction de ce qui singularise chaque tableau clinique.
Que faire devant un malade imaginaire ? Molière nous l’a dit, il faut être « un médecin malgré lui »…
Signant d’un point de vue psychopathologique une des manifestations de la régression narcissique, l’hypocondrie peut être considérée, dans certains cas, comme un des premiers stades de la désorganisation psychique qui aboutira finalement au délire, qu’il soit mélancolique, paranoïaque ou schizophrénique.
L’angoisse du médecin est liée à l’appréhension d’un malade insaisissable. Là où il attend un signe objectif, il est en proie à l’étendue de la demande. Là où il attend l’organisme, il découvre une dimension du corporel. Le médecin aimerait disposer du savoir à l’endroit de cette face plus obscure, pour mieux se repérer, pour savoir ce que le malade lui veut…
« Notre corps est l’une des évidences de notre existence : c’est dans et avec notre corps que nous sommes nés, que nous vivons, que nous mourrons ; c’est dans et avec notre corps que nous construisons nos relations avec autrui… », nous dit la philosophe Michela Marzano
En soumettant toute son expérience au thème de la santé, l’hypocondriaque cherche à éliminer le moindre mal, la moindre faille. Mais soumis à la tyrannie du souci de santé, il ne dispose plus librement de son corps pour participer au monde tel qu’il se présente.