Journée proposée par l’Association française de psychiatrie (AFP)
Ce colloque propose de questionner le statut contemporain accordé à la différence dans le champ psychiatrique.
La psychiatrie connaît aujourd’hui une multiplication de dispositifs, et de professionnels, spécialisés dans le diagnostic ou la prise en charge d’un champ restreint de pathologies. En parallèle, certaines catégories diagnostiques font l’objet de (ré)appropriations par les patients eux-mêmes, donnant naissance à des communautés dans lesquelles le diagnostic est un marqueur identitaire, tantôt émancipateur,
tantôt excluant.
Cette double dynamique de l’usage social du diagnostic et de la différence interroge la légitimité et le rôle des repères nosographiques, non seulement dans le champ médical, mais aussi dans les enjeux sociétaux et politiques contemporains.
La place du patient a profondément évolué : de destinataire d’un soin prescrit, il devient un usager actif, en quête de réponses sur son vécu voire producteur d’un savoir expérientiel. Le diagnostic, autrefois outil du seul médecin, tend à précéder le soin. Son attente devient source d’errance, tandis que le temps nécessaire à la compréhension clinique est parfois perçu comme un retard de prise en charge. Le recours au normatif s’accélère, parfois au détriment de la prise en compte des effets produits par l’annonce diagnostique.
Cette évolution s’inscrit dans un nouveau modèle d’organisation du soin. À l’hôpital, des services spécialisés émergent autour de pathologies définies. En ambulatoire, des centres supports, experts ou spécialisés développent une pratique diagnostique souvent articulée à des logiques de recherche clinique. Les financements publics ou privés s’organisent désormais selon une logique d’appel à projet qui favorise les dispositifs limités à une population cible au diagnostic homogène. La psychiatrie libérale suit ce mouvement, facilitée par les outils numériques qui permettent d’indiquer ses propres champs d’expertise de plus en plus ciblés.
Les grandes oppositions ayant traversé l’histoire de la psychiatrie — entre naturalisme et constructivisme, localisationnisme et spiritualisme, réductionnisme et pluralisme, approche dimensionnelle et catégorielle, validité et fiabilité — paraissent aujourd’hui reléguées à l’arrièreplan des pratiques, comme si leur complexité avait été résolue, alors qu’elles restent pleinement ouvertes. Dans un contexte où le diagnostic peut à la fois orienter les soins, structurer les parcours, mais aussi produire des effets identitaires et normatifs, nous souhaitons interroger la manière dont nous travaillons avec cet opérateur de différenciation au quotidien : comment nos choix cliniques peuvent coexister avec d’autres points de vue, et dans quelle mesure il est possible de préserver un espace de pluralité dans l’usage du diagnostic.
Nous proposons de réfléchir à ces interrogations et aux questionnements qui y sont afférents au travers d’une diversité de perspectives
pour essayer d’en construire des sens et des compréhensions possibles autour de ce sujet central dans la manière de penser le soin en psychiatrie.
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