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Mots et vocables, particularismes et états psychologiques… Autants d’angles de compréhension des faits et méfaits liés à l’agressivité et à la violence.
La pulsion violente qui constitue un des piliers de notre développement psychique, reste en chacun de nous tout au long de notre vie. Qu’elle prenne la forme de la violence brute ou celle de l’agressivité, elle témoigne des particularités de notre fonctionnement psychique et de notre histoire, dans un alliage à chaque fois unique, et qu’il est nécessaire de différencier.
Pour l’homme comme pour l’animal, l’agression est un moyen d’action, une stratégie comportementale qui permet de s’approprier quelque chose ou, au contraire, d’éviter ou de fuir quelque chose. Sagissant de l’être humain, la neurobiologie ne saurait avoir pour objet de décrire un « substrat nerveux de l’agression ». Elle vise plutôt à analyser l’ensemble des facteurs et des processus qui contribuent à déterminer la façon dont l’individu perçoit et interprète une situation donnée et la façon dont il s’efforce de maitriser sa relation personnelle à cette situation par le choix d’une stratégie qui lui paraît appropriée.
Qu’est ce qu’un être disponible pour l’autre? C’est avoir fait en soi le Vide: Vide de représentations, vide de fantasmes portés sur l’autre, vide des objets de peur qui focalisent l’attention avec une attente anxieuse d’une réaction de crainte. Le Vide est un concept majeur dans cette relation à l’autre qui rapproche la métapsychologie analytique et institutionnelle et esthétique japonaise qu’on retrouve dans les sports de combat.
Elaborer des pistes de traitement de la violence, comme dans le cas particulier d’un état d’agitation aux urgences, c’est échafauder un canevas de réflexions qui se nourrit de la médecine et de la psychiatrie.
Service des urgences d’un centre hospitalo-universitaire, le groupe d’infirmiers s’approche de l’individu qui vient d’être admis. Chacun maintient ses distances, cherche à placer son corps de façon à ne pas prendre de coups…
Cette illustration clinique nous permet d’aborder la seconde partie de ce dossier, centrée sur l’agir thérapeutique face à la violence, muni de repère théorico-cliniques précieux. Elle nous montre à quel point la réponse soignante face à la violence est avant tout question de positionnement; un positionnement qui échappe à toute protocolisation. La souplesse et le décalage de se préscrivent pas!
Si l’exposition régulière à des situations violentes favorise, sans aucun doute, l’apparition de l’épuisement professionnel des soignants en psychiatrie (burn out), il existe toutefois un autre risque, trop souvent méconnu, celui du traumatisme psychique.
N’ayons pas peur d’affirmer que le clivage fait partie du soin et que ce qui est toxique pour une dynamique d’équipe n’est pas sa présence mais son absence d’élaboration. L’enjeu n’est donc pas de déterminer quelle partie de l’équipe a raison mais de considérer que chacun est dépositaire d’une part de « vérité ».
La problématique de la violence en psychiatrie est autant un signal qu’un témoin de nos (dys)fonctionnements sociaux et professionnels. Car la contenance dépend de notre capacité de penser et cette capacité de mise en pensée dépend directement de la qualité des capacités de rêverie des soignants.