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De l’adolescence à l’âge adulte, des scarifications aux amputations, du symptôme au syndrome, le champ des automutilations est en fait bien plus vaste et plus complexe que ce que l’unicité d’un terme pourraît laisser paraître.
Tout au long de l’histoire de l’humanité, de nombreuses sociétés ont pratiqué des actes mutilatoires représentant des blessures symboliques, rite de passage et d’appartenance à la communauté. Il s’agissait alors de facteurs protecteurs de l’identité. Les automutilations actuelles, dans le champs de la pathologie mentale, traduisent au contraire solitude et souffrance….
L’automutilation chez le sujet état-limite est un phénomène existentiel polymorphe, complexe dans sa détermination et sa mise en acte. Il renvoie à une souffrance agie qui trouve sa source dans la faillite aiguë ou chronique des mécanismes ordinaires protecteurs de l’intégrité du sujet.
L’automutilation ne commence, ni ne finit, avec la blessure. Elle n’est pas une conduite uniforme se limitant à l’acte mais résulte d’une succession d’étapes de durée et d’intensités variables.
L’extrême diversité des conduites automutilatoires permet de ne pas les réduire à de simples poussées de fureur autodestructrices et de considérer en quoi elles décrivent une possible nouvelle articulation entre corps, espace temps et autrui.
Pourquoi une personne éprouve-t-elle le besoin d’endommager sa peau, encore et encore ?
Si l‘automutilation continue de « résister» à la psychiatrie moderne c’est peut-être parce que la recherche médicale ne laisse aucune place à d’autres sources de construction de la connaissance…
Pourquoi y a-t-il un avant et un après le premier épisode d’automutilation ? Pourquoi quelqu’un prend-il la décision de s’automutiler? Quelle est la différence entre le premier épisode et les suivants ? Autant de questions qui servent de préalable à un début de compréhension de l’automutilation.
Afin de (re)trouver une identité réelle, de corriger ce qui est perçu comme une anomalie, certains sujets mettent en oeuvre l’amputation volontaire et délibérée d’un de leurs membres.
« Je me suis coupée, regarde ! », Corinne interpelle les soignants par sa violence, ses comportements autodestructeurs et ses conduites d’échecs…