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Les enjeux actuels entre clinique et gestion dans le champ de la psychiatrie doivent se lire au regard de l’histoire de cette discipline qui plaide pour une synergie indispensable tout en opérant régulièrement des replis corporatistes…
Si le soignant est au service du patient, le gestionnaire est au service du projet clinique et des cliniciens. Pour l’ensemble des responsables, il existe une homologie « stratégique » dans la volonté de déléguer, de faire confiance et de faire grandir l’autre, patient ou collaborateur.
La gouvernance clinique, concept peu connu en France, vise à réconcilier les sphères médicales et gestionnaires. Elle propose un cadre stimulant pour repenser les façons de faire et de décider dans les établissements et questionne le rôle de la norme et du leadership.
Chaque cadre soignant peut être convoqué par son équipe en tant que clinicien, il doit alors trouver la juste distance entre sa mission d’organisateur des soins et celle de « sauveur » qui apporterait la vérité clinique. Il est alors sur le fil du rasoir. Il lui faut éclairer les soignants sans se substituer à eux.
Une démarche innovante de ressources humaines, basée sur le concept « d’hôpital magnétique », met en évidence le rôle fondamental des cadres de santé dans leur expertise clinique et de gestion.
Envisager les symptômes psychologiques et comportementaux dans la démence (SPCD) uniquement à travers le prisme d’un paradigme médical centré sur les symptômes reviendrait à éluder la complexité de la question pour n’offrir que des réponses standardisées. Ces symptômes devraient toujours être analysés à la lumière de l’histoire de vie du patient, de sa personnalité, de ses modalités adaptatives, de l’influence de son milieu de vie et des attitudes de son entourage.
Pas plus que la parole, le comportement n’est en soi un symptôme. Il faut l’envisager du point de vue de l’adaptation d’un individu à son milieu extérieur et intérieur comme un ensemble organisé qui possède une origine, un montage somatopsychique, un but et un objet.
Les unités cognitivo-comportementales offrent une réponse pertinente aux situations de crise que représentent les décompensations pathologiques des maladies neurodégénératives comme l’illustre l’histoire de ce patient adressé par sa maison de retraite pour amaigrissement et symptômes psycho-comportementaux.
On a beau affirmer très doctement que l’empathie ne consiste pas à « se mettre à la place de l’autre », mais à tenter de « se représenter le monde de l’autre », c’est bien ainsi, comme une histoire de place, qu’elle est entendue et ressentie par la majorité d’entre nous. Alors, se mettre à la place du « dément » ! Mais c’est bien la dernière place qu’on a envie d’occuper !
Sans personnels qualifiés supplémentaires et sans formations, l’insatisfaction des soignants à prendre soin des patients âgés déments durera encore…