« Zéro contention » au CH Valvert

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A Marseille, le CH Valvert défend une culture et des valeurs internes reposant sur la bientraitance, en affichant notamment le principe d'une absence totale de contention physique. Une politique qui demande « une vigilance continue » de la part des équipes. Après une visite des contrôleurs des lieux de privation de liberté (CGLPL), l'équipe de direction et soignante a présenté sa démarche à Hospimedia. Extraits de cet entretien.

« L'absence totale de contention dans l'établissement se traduit dans les faits, de prime abord, par l'absence de matériel disponible. L'idée semble simple mais elle est essentielle, comme en témoignent des membres de la communauté médicale et soignante. Le Dr Sophie Carrier, chef de pôle en psychiatrie générale, souligne que « la non-contention a été posée comme fondamentale, une valeur socle qui permet aux patients et soignants de s’y référer ». Le projet d'établissement 2016-2020 définit en effet « l'opposition totale à toute pratique de contention physique ». Alors qu'y recourir est « toujours susceptible d'aggraver l'état du patient » et traduit « l'impuissance de l'équipe (…) dans sa fonction contenante, ce qui est quand même problématique dans un lieu de soins psychiatrique ». (…)

Dans un rapport prochainement publié, qu'Hospimedia a pu consulter, l'équipe rattachée au contrôle général des lieux de privation de liberté (CGLPL) a en effet constaté qu'aucun matériel n'existe dans les unités et relève également que les transports des personnes détenues depuis les établissements pénitentiaires vers le CH sont assurés sans contention. Mais contenir sans contention, « une des déclinaisons de l'exigence éthique » en interne, ne « va pas de soi » développe Alain Dibon, psychologue et membre du groupe de réflexion éthique de l'hôpital. Il souligne, comme Sophie Carrier, que cela « suppose une vigilance continue quant à la capacité donnée aux équipes de supporter l'angoisse et la violence psychique des patients ». Il ne suffit pas d'inscrire un principe dans le projet d'établissement pour bannir ces pratiques mais « d'essayer de travailler dans l'hôpital de telle façon que l'on n'ait pas besoin de cette contention ».

Une ambiance institutionnelle ad hoc

L'inscription formelle dans le projet du CH a cependant été décidée en 2011, alors que quelques « errements » ont été constatés. « On s'est rendu compte que certains collègues nous demandaient des liens, du fait de pratiques dans d'autres hôpitaux, ou avaient réussi à ce que l'on ait ce type de matériel à Valvert. La présidente de la commission médicale d'établissement (CME) de l'époque*, a souhaité affirmer de manière très importante que ce n'est pas possible d'attacher les patients », explique le Dr Christian Vedié, actuel président de la CME. Car il existe « quelque part un effet de structure, poursuit-il, c'est-à-dire que l'on observe que lorsque il y a des liens, on s'en sert ». (…)

Les démarches éthiques ne semblent ainsi possibles que s'il a été créé « un cadre institutionnel hospitalier suffisamment bon et sécurisant », insiste Alain Dibon. C'est une « telle ambiance institutionnelle ad hoc qui va favoriser la nécessaire prise de risque que requiert le soin psychique, la confrontation avec la folie ». Le CH est un « hôpital à dimension humaine en recherche constante d'efficience » qui a aussi posé dès le départ en 1975 le principe d'ouverture des unités, ajoute Sophie Carrier. Les contrôleurs ont là aussi souligné parmi les bonnes pratiques, le fait pour l'hôpital de privilégier une politique fondée sur la bientraitance, le respect des libertés individuelles et les droits, ainsi que le fonctionnement ouvert du groupe de réflexion éthique, qui conduit à fournir des travaux dont le personnel s'empare. » (…)

Hospimedia relève par ailleurs que ces bonnes pratiques donne au CH « une image de marque attractive » en termes de recrutement. Les contrôleurs ont ainsi noté que les effectifs sont renouvelés sans problème majeur, malgré un turn-over important du personnel médical en 2016 (lié notamment à des départs en retraite), et que le taux d'absentéisme se situe en dessous de la moyenne nationale pour les établissements similaires. Ils ont salué également la présence d'un personnel formé et expérimenté.

  • Lire l'article complet : Le CH Valvert défend une politique fondée sur la bientraitance passant par le "zéro contention", Caroline Cordier, Hospimedia, 5 octobre 2018.