La Haute Autorité de Santé (HAS) a actualisé ses recommandations sur le burn-out et précisé les modalités de l’accompagnement des patients pour un retour au travail après leur rétablissement.
« Afin de prendre en compte l’évolution réglementaire du Code du Travail relative à la visite de préreprise, le chapitre 8.3 Conclusions sur l’accompagnement pour un retour au travail de ce document a été actualisé en octobre 2025 », observe la Haute Autorité de Santé (HAS) dans ses recommandations au sujet de la prise en charge du burn-out (épuisement professionnel).
Le guide préconise d’adapter la prise en charge d’un travailleur en burn-out selon la sévérité des symptômes associés : elle se fait en plusieurs étapes, incluant le plus souvent un temps d’arrêt de travail pour permettre « le repos, la reconstruction identitaire, la réflexion, la renaissance du désir de travailler et enfin la possibilité de retour au travail. Selon la sévérité du syndrome, un arrêt maladie de deux à trois mois peut être nécessaire ». Enfin, « une prise en charge en psychothérapie (par exemple, de type thérapie comportementale et cognitive) associée à un antidépresseur est recommandée ».
Afin de « minimiser les conséquences du burnout et de promouvoir le retour au travail », l’instance sanitaire évoque l’importance d’une réorganisation au niveau de l’environnement de travail et recommande un aménagement du temps de travail : « une reprise à temps partiel, mais pas de manière prématurée » est conseillée. La HAS suggère enfin d’améliorer la communication entre médecins du travail et médecins traitants afin que les patients soient informés des possibilités existantes de programmes de prise en charge.
Le travail est aussi un facteur de protection (et de reconstruction) de la santé mentale. S. Bataille, 2014
Retour au travail et reconstruction
Très concrètement, après la phase « d’arrêt maladie » et de retrait, la HAS conseille un retour progressif à l’emploi (avec un « travail sur soi » nécessaire), « après une visite de préreprise auprès du médecin du travail, et avec un accompagnement du travailleur, voire de l’équipe de travail et du manager ». Sur la question des aménagements du poste et des horaires de travail (temps partiel thérapeutique, suivi médical renforcé en Santé au Travail, etc.), cette adaptation « n’est possible que si le médecin du travail, le service des ressources humaines et le responsable direct travaillent en réseau avec l’accord du travailleur et, si possible, sa participation », observe encore la HAS.
La HAS aborde également le temps incompressible de la reconstruction qu’elle décrit comme « un cheminement long et continu ». Une analyse sociologique du parcours de reconstruction post-burnout (revue générale publiée par S. Bataille, 2014), citée par la HAS, confirme que le travail est aussi un facteur de protection (et de reconstruction) de la santé mentale : toutes les personnes interrogées « ont affirmé avoir envie de retourner au travail, cette projection faisant partie intégrante de la reconstruction ».
Les soignants, particulièrement exposés à l'épuisement professionnel
Une stratégie nationale « pour mieux prendre soin de ceux qui nous soignent » a été lancée en décembre 2016 par la Ministre des Affaires sociales et de la Santé afin d’améliorer la détection des risques psychosociaux. En effet, l’enquête SESMAT (1) a évalué la prévalence du burnout chez des professionnels de santé salariés de différentes spécialités (538 urgentistes, 565 anesthésiste-réanimateurs, 576 médecins généralistes, 331 chirurgiens, 179 psychiatres,…) : la prévalence du burnout était de 42,4 % chez les professionnels de santé et de 51,5 % dans l’échantillon représentatif des urgentistes (taux de réponse de 66 % au questionnaire). Il est ressorti d’une analyse multivariée que les conflits professionnels et/ou familiaux et la qualité faible à moyenne du travail en équipe sont associés au burnout.
Ce résultat était retrouvé dans l’enquête européenne PRESST-NEXT précédemment réalisée en 2003 chez les soignants de divers pays européens, dont la France, où une augmentation forte et graduelle de la fréquence du burnout était notée entre ceux ayant une qualité élevée du travail d’équipe et ceux ayant une qualité moyenne, puis faible. Dans les analyses multivariées, incluant simultanément les différents facteurs de risques observés, une faible qualité du travail d’équipe double la fréquence du burnout. Le conflit travail/famille multiplie par quatre le burnout, pour les soignants paramédicaux comme pour les médecins. Plus que la quantité de travail, ce sont plutôt les conditions de fonctionnement des équipes qui font le lit du burnout. Lorsque la qualité du travail d’équipe (soutien de l’équipe, circulation de l’information, possibilités de discussion) est déclarée faible, lorsque le conflit travail/famille augmente, lorsque les relations interpersonnelles sont hostiles ou tendues, le burnout est plus fréquemment observé et le risque d’erreurs augmente.
1 - Enquête Santé et satisfaction des médecins au travail, menée d’avril 2007 à mai 2008 et publiée par Estryn-Behar et al. en 2010 (17).
Source : Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel ou burnout, HAS, Mars 2017 (mise à jour octobre 2025).
Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel ou burnout, HAS, Mars 2017 (mise à jour octobre 2025).









