Pour l’Unafam, « en psychiatrie, les droits fondamentaux restent encore trop souvent théoriques »

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Le 18 novembre dernier, l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques (Unafam) organisait son colloque annuel consacré à l’approche par les droits en psychiatrie. Cette édition a placé la dignité, l’effectivité des droits et la qualité des soins au cœur des transformations attendues du système de santé mentale. Voici ce qu’il faut en retenir. Communiqué.

Ce colloque a représenté le point d’orgue d’une année marquée par la volonté de placer le respect des droits au coeur des actions et du plaidoyer de l’Unafam : d’abord en publiant un manifeste pour l’abolition de la contention, remis en mains propres au ministre de la Santé, puis avec la rédaction d’une note de position comprenant 48 mesures pour refonder la psychiatrie en France, dans le respect des droits et de la dignité des personnes vivant avec des troubles psychiques, et enfin à travers la diffusion d’une campagne de sensibilisation télévisuelle, diffusée au cours du mois d’octobre sur les chaînes des réseaux France Télévisions et Canal+.

Des droits encore trop théoriques

Un Français sur cinq connaîtra un trouble psychique au cours de sa vie. Pourtant, l’accès à un diagnostic pour des troubles tels que la schizophrénie ou les troubles bipolaires demeure trop tardif, souvent après plusieurs années, entraînant des pertes de chance majeures sur le plan du pronostic et de l’inclusion sociale. À ces retards s’ajoutent de fortes inégalités d’accès et de qualité entre territoires et établissements, qui se traduisent par des pratiques hétérogènes, des moyens inégaux et des équipements inadaptés, générant des ruptures de parcours et des traitements insuffisamment personnalisés. Les droits fondamentaux – information, consentement, libertés individuelles et accès aux droits sociaux, notamment au logement, à l’emploi et aux ressources -restent trop souvent théoriques. Dans le champ de l’emploi, l’accès et surtout le maintien en poste demeurent un angle mort des politiques publiques.

Des approches qui font leurs preuves

Pourtant, les preuves s’accumulent en faveur d’approches structurées fondées sur les droits, qui ont pu être mises en valeur tout au long de la journée. Qu’il s’agisse de QualityRights, des mesures anticipées, de la pair-aidance ou de la recherche participative (projet Amadeus), ces démarches améliorent l’alliance thérapeutique, réduisent le recours à la contrainte et accroissent la satisfaction des usagers et de leurs proches, en vue du rétablissement des personnes malades et de leur (ré)intégration dans la société. Cette approche par les droits s’inscrit en cohérence directe avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé, qui placent le respect des droits au cœur de la réforme des
systèmes de santé mentale afin d’améliorer la qualité des soins.

Grande Cause nationale : tenir le cap

Lors de son allocution, Michel Barnier, député et ancien Premier ministre à l’origine de la Grande Cause nationale santé mentale a rappelé la gravité de la situation et la nécessité d’une action publique durable. S’appuyant sur une histoire personnelle de plus de 45 ans aux côtés de l’Unafam, il a souligné combien le passage du silence à la parole reste un combat d’actualité, et combien l’absence de continuité gouvernementale entrave les avancées. Il a précisé vouloir obtenir la prolongation d’un an de la Grande Cause nationale santé mentale, estimant indispensable que les ministres travaillent ensemble et dans la durée : « La situation dans laquelle se trouve le pays est extrêmement grave. […] Ce qui est terrible, c’est que les changements de gouvernement et de ministre font qu’il n’y a pas de continuité. C’est la raison pour laquelle je vais rencontrer le Premier ministre la semaine prochaine et lui demander de prolonger la Grande Cause d’une année supplémentaire. […] Vous pouvez compter sur moi. » Un engagement qui fait écho au discours d’ouverture d’Emmanuelle Rémond, présidente de l’Unafam, qui a déclaré : « Cette année, nous avons choisi comme fil rouge de notre journée les droits humains. C’est notre conviction, qui s’appuie sur les recommandations des Nations Unies. Le respect des droits humains doit être le levier qui soutient la transformation nécessaire de l’organisation des
soins de santé mentale. Mobilisons-nous pour des droits effectifs, partout, pour tous.
»

• Colloque Unafam 2025 : usagers de la psychiatrie, tous citoyens, communiqué de l’Unafam, 19 novembre 2025.