Les centrales d’achat publiques Uniha et le CAIH publient le premier baromètre de l’usage de l’IA en établissement hospitalier. Les résultats pointent un usage en plein développement mais souvent non maîtrisé ce qui pose des enjeux de formation et de sécurité des données.
Ce premier baromètre national mesurant l’adoption de l’intelligence artificielle dans les établissements hospitaliers, a été réalisé par l’Ifop en partenariat avec CAIH et Acteurs Publics. Cette étude, menée entre le 23 juin et le 26 septembre 2025, établit pour la première fois une photographie détaillée des usages actuels, des perceptions et des attentes des professionnels hospitaliers face à l’IA.
Une forte mobilisation des agents hospitaliers
Le baromètre a rencontré un important écho, avec 1 051 agents hospitaliers ayant répondu, dont 56 % de médecins et de soignants. Toutes les catégories de métiers sont représentées : médecins, infirmiers, cadres de santé, ingénieurs, directeurs d’hôpital, DSI, cadres administratifs, ce qui confirme l’intérêt majeur du secteur hospitalier pour ce sujet en pleine transformation.
Une perception largement positive de l’arrivée de l’IA
L’étude révèle que 66 % des répondants perçoivent positivement l’arrivée de l’intelligence artificielle à l’hôpital. Dans le détail, 54 % estiment qu’elle améliore l’efficacité des processus administratifs, tandis que 44 % considèrent qu’elle contribue à réduire la charge de travail.
Par ailleurs, 46 % déclarent que l’IA les décharge de tâches administratives, principalement grâce à son usage dans la rédaction de comptes rendus (43 %) ou dans l’analyse et l’optimisation de données (23 %).
Les bénéfices cités par les professionnels sont très nets, notamment sur les usages personnels : 92 % y associent un gain de temps, 88 % un gain de performance et de confort, et 70 % une amélioration de la qualité du travail.

Des usages encore limités et des freins persistants
L’IA est aujourd’hui déployée de façon ciblée, principalement pour l’analyse d’imagerie médicale (29 %), la rédaction de comptes rendus (23 %) et l’aide au diagnostic (15 %). Malgré cette dynamique, 45 % des agents déclarent que leur établissement n’a pas encore adopté d’usage de l’IA, signe d’un déploiement encore limité.
Plusieurs freins ralentissent son développement : 52 % évoquent des enjeux éthiques ou de sécurité, 42 % expriment des doutes sur la fiabilité des résultats, et 38 % dénoncent des lenteurs administratives. Les professionnels pointent également un déficit de connaissances et de formation, puisque 62 % estiment avoir une connaissance limitée de l’IA, tandis que seulement 6 % ont déjà été formés (8 % déclarent qu’une formation est prévue).

Des usages importants non maîtrisés
Hospimédia rapporte par ailleurs que le CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle) a observé 400 000 connexions à des outils d’IA générative non spécialisées depuis des postes du CHU, à 60 % vers ChatGPT. Ce qui inquiète le plus le directeur est la nature des services concernés, pour beaucoup des internes, mais aussi par exemple 15 000 connexions en un mois depuis des postes de secrétaire médicale. « On imagine bien que ce qui est envoyé est complètement en dehors des réglementations« , s’inquiète Arnaud Vanneste le directeur général, qui a entrepris des actions de sensibilisation.
Afin de structurer et d’accompagner les établissements dans le déploiement de leur politique d’intelligence artificielle Uniha a décidé de lancer la première édition des « trophées initiative« , visant à récompenser les projets hospitaliers embarquant de l’IA. Les lauréats bénéficieront d’une dotation parmi une enveloppe de 60 000 euros mobilisée par la centrale d’achat, ainsi que d’un accompagnement offert.









