Emilie Hudson,infirmière et doctorante, Faculté des sciences infirmières, Université de Montréal, répond aux questions de « La lettre du GCS » d’octobre 2025 (1). Elle y évoque son expérience d’usagère dans une unité psychiatrique.
Dans votre article « Ma semaine de déni et de désorientation : récit d’une expérience vécue lors d’un séjour dans un service d’urgence psychiatrique« , vous décrivez comment, en tant qu’infirmière, vous avez subi des mesures coercitives pendant votre séjour dans un service d’urgence psychiatrique et comment vous avez ressenti des pressions ou des obligations, tant formelles qu’informelles, dans le contexte des soins. Avant de nous parler de ce travail, pouvez-vous vous présenter ?
Depuis plusieurs années, je travaille avec l’équipe de Marie-Hélène Goulet à l’Université de Montréal, dont le thème central de travail est la réduction des pratiques coercitives dans les soins psychiatriques. Depuis mon hospitalisation, j’ai complètement changé mes centres d’intérêts de recherche pour me concentrer sur les crises de santé mentale et les pratiques coercitives dans le système de santé mentale. Dans le cadre de mon travail, je m’intéresse aux expériences vécues par les personnes qui ont interagi avec les équipes policières spécialisées en santé mentale, aux alternatives à l’intervention policière en situation de crise et à la gestion des crises en général. Nous travaillons également à l’intégration des savoirs expérientiels dans la recherche : comment y parvenir ? Quelles sont les implications de la coproduction de connaissances avec des experts expérientiels ? Etc.
Pouvez-vous nous dire où vous avez été admise ?
Lorsque j’ai traversé cette crise, j’ai été emmenée par la police. Je leur ai expliqué que je ne voulais pas être hospitalisée dans un endroit où je connaissais des gens, des personnes que j’avais rencontrées dans un contexte professionnel ou universitaire. À Montréal, il existe deux réseaux universitaires de santé, l’un affilié à l’Université McGill et l’autre à l’Université de Montréal. Comme j’avais fréquenté le premier pendant mes études, je leur ai demandé de m’emmener à l’hôpital général affilié au second, situé dans mon quartier, ce qu’ils ont accepté de faire. Cet hôpital dispose d’une petite unité spécialisée dans les urgences psychiatriques au sein du service d’urgences générales, ce qui n’est pas le cas dans tous les hôpitaux. J’y suis resté une semaine avant d’être admise dans l’unité psychiatrique.
(1) Le Groupement de coopération sanitaire (GCS) a pour objet la recherche, la formation et la mise en oeuvre d’actions visant le développement de dispositifs de santé mentale intégrés dans la communauté, incluant prévention et insertion. Le groupement oeuvre à la promotion des échanges professionnels et à toute action de lutte contre la stigmatisation en santé mentale et en psychiatrie. Il favorise et soutient la participation des représentants des usagers des services de santé mentale, de leurs familles et aidants. Le GCS, dont le conseil scientifique est celui du Centre collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS), relaie les recommandations de l’OMS au niveau national et local. Il fait valoir toutes les études et expériences de ses membres allant dans le sens de la santé mentale communautaire / intégrée à la cité.