Actuellement testé au Vinatier, l’oxybate de sodium pourrait représenter une piste prometteuse pour réduire la consommation d’alcool et favoriser l’abstinence chez des personnes présentant une alcoolodépendance sévère.
La prise en charge du trouble de l’usage d’alcool (Tual) (ou addiction à l’alcool) repose sur un accompagnement psychosocial adapté à la situation du patient, mais aussi sur des traitements médicamenteux. Les plus connus sont l’acamprosate (Aotal®), le nalméfène (Sélincro®) ou encore le baclofène (Baclocur® ou baclofène Zentiva®). Ces traitements, parfois très utiles à certains patients, peuvent aussi s’avérer peu efficaces ou mal tolérés, et il est donc nécessaire d’étoffer l’arsenal thérapeutique avec de nouvelles molécules.
L’Italie, pays où est née l’utilisation du baclofène dans le Tual, possède également une grande expérience de l’oxybate de sodium, aussi utilisé dans la narcolepsie (1). Cette molécule cible le système gabaergique, c’est-à-dire à la fois les récepteurs GABA-A (comme les benzodiazépines) mais aussi les récepteurs GABA-B (comme le baclofène). L’oxybate de sodium agit également sur d’autres récepteurs cérébraux, comme le récepteur au gamma-hydroxybutyrate. Tous ces systèmes sont aussi ciblés par l’alcool, et l’oxybate de sodium pourrait donc diminuer les envies de consommer de l’alcool en modulant ces mêmes systèmes de neurotransmission.
Dans ce contexte, le Service universitaire d’addictologie Lyon (Sual), pour sa partie située au Vinatier, vient de démarrer en France l’essai Oxylife (sponsorisé par Laboratorio Famaceutico CT). Il s’agit d’un essai clinique randomisé contrôlé (vs placebo) évaluant l’efficacité de l’oxybate de sodium (Alcover®), à la dose maximale de 5,25 g/j, dans la réduction de la consommation d’alcool au sein d’une population de 240 patients âgés de 18 à 70 ans avec Tual présentant un niveau élevé ou très élevé de consommation d’alcool (au moins 4 verres par jour pour les femmes, et au moins 6 verres par jour pour les hommes). L’utilisation du traitement dure 12 semaines, mais les patients seront suivis 24 semaines en tout, pour vérifier les paramètres de sécurité.
L’oxybate de sodium, comme le baclofène, peut provoquer des effets secondaires de type sédatif, et le traitement doit être surveillé. Il constitue néanmoins une classe thérapeutique très prometteuse pour certains patients. Cette étude visera à confirmer l’intérêt de cette molécule dans le traitement du Tual.
1– Dans cette indication, l’oxybate de sodium a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe depuis le 13 octobre 2005.
• B. Rolland, C. Icard, L. Brochier, E. Boileau, F. Bertrand. Contact : Benjamin.ROLLAND@ch-le-vinatier.fr