Exploitation sexuelle : plus 140% de victimes mineures en 8 ans

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Si l’exploitation sexuelle des mineures existe depuis longtemps, le phénomène s’est exacerbé ces dernières années. Ainsi, en 2024, 42% des victimes de proxénétisme ou de recours délictuel à la prostitution sont mineures. L’Observatoire national des violences faites aux femmes dresse un état des lieux du système prostitutionnel en France.

A l’occasion de l’anniversaire de la loi du 13 avril 2016 qui interdit l’achat d’acte sexuel (1), l’Observatoire national des violences faites aux femmes, piloté par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof), publie une Lettre thématique consacrée au système prostitutionnel en France. Cette publication s’efforce de mettre en lumière une réalité complexe, encore mal connue et donc mal mesurée. L’ambition est de documenter l’ampleur et les facettes de ce phénomène qui conduit des femmes, des jeunes filles, des enfants, à être victimes de prostitution et d’exploitation de leur corps, par des hommes la plupart du temps.

Selon cet état des lieux, sur l’année 2024, 1 579 victimes de proxénétisme ou de recours délictuel à la prostitution ont été enregistrées parmi les 12 486 personnes victimes d’exploitation sexuelle. 94 % des victimes sont des femmes dont 42 % sont mineures. Du côté des auteurs, 9 mis en cause pour exploitation sexuelle sur 10 sont des hommes, et 22% sont mineurs.

Entre 2016 à 2024, le nombre de victimes d’exploitation sexuelle enregistrées sur une année a plus que doublé (+ 110 %).
Cette augmentation est plus forte pour les victimes mineures (+ 140 %) que pour les victimes majeures (+ 7 %). Sur la même période 2016-2024, le taux d’évolution annuel moyen est de 10 %. Pour les victimes mineures, il est de 12 %, et pour les victimes majeures il est de 1 %. Cette hausse des enregistrements de victimes est multifactorielle : la meilleure prise de conscience des violences sexuelles subies par les mineur·e·s, le travail des associations et collectifs féministes pour repérer et accompagner les victimes, y compris au dépôt de plainte, ainsi que des acteur·rice·s de la protection de l’enfance, l’augmentation des lieux d’accueil et de recueil de la parole ainsi que l’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les forces de sécurité.

Ce travail met aussi en avant les facteurs de vulnérabilité à la prostitution repérés par les associations d’aide. Selon L’Amicale du nid, le fait d’avoir subi des violences physiques (80 %) ; des violences sexuelles (77 %) ; des violences intrafamiliales (58 %) ; de la cyberviolence (46 %) constituent des facteurs de risque.

1– Loi n° 2016-444 du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées.

Le système prostitutionnel en France, Lettre n° 25, Miprof, avril 2025, à télécharger sur https://arretonslesviolences.gouv.fr

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