Dans l’enseignement supérieur, 20% des étudiants européens sont concernés par un trouble de santé mentale mais il existe peu d’informations spécifiques sur cette population. Appuyé notamment sur les lignes d’écoute Nightline, ce rapport fournit des données inédites sur les facteurs à l’origine de ses troubles et pointe le manque d’investissement des Etats en faveur de la santé mentale étudiante. Sept propositions pour agir collectivement sont dévoilées. Communiqué.
Service d’écoute destiné aux étudiants, Nightline France est une association gérée par des étudiants bénévoles, destinée aux étudiants, avec l’appui de professionnels. Créée en 2017, elle dispose désormais de services d’écoute dans toutes les grandes villes universitaires. Au-delà de la ligne d’écoute, Nightline œuvre également pour l’amélioration de la santé mentale étudiante « en agissant à l’échelle individuelle, collective et sur l’écosystème de l’étudiant ». Nightline Europe, qui regroupe différents Nightline nationaux, publie un rapport « Mieux comprendre pour mieux agir« . Ce travail dresse un état des lieux de la recherche sur la prévalence, les déterminants et le coût de la mauvaise santé mentale étudiante en Europe. Par ailleurs , il fournit des données inédites, basées sur environ 15 000 appels et tchats sur neuf mois de l’année universitaire 2023-2024 pris par des étudiants bénévoles formés à travers les 29 Nightlines membres du réseau dans 5 pays (Allemagne, Autriche, France, Irlande, et Royaume-Uni). Elles offrent un éclairage unique sur les besoins des étudiants et les facteurs contribuant à leur mal-être.
La santé mentale étudiante, une problématique urgente
Les jeunes et les étudiants sont particulièrement vulnérables aux problèmes de santé mentale. En 2022, l’Association des universités européennes (European University Association) indiquait que : 40% des étudiants de l’enseignement supérieur dans l’Union Européenne (UE) rencontraient des difficultés liées à leur bien-être ou à leur santé mentale, et que 1 étudiant sur 5 était concerné par un trouble de santé mentale, en particulier troubles anxieux et dépression, mais aussi troubles du comportement alimentaire et
Tous les étudiants sont confrontés à la pression de la réussite académique – une pression exacerbée par le coût des études qui conduit beaucoup d’entre eux à s’endetter pendant plusieurs années. Nombre d’entre eux se trouvent loin du domicile familial pour la première fois, sans leurs réseaux de soutien tels que la famille ou les amis, et peuvent ainsi éprouver un sentiment de solitude ou d’isolement. Les étudiants internationaux, quant à eux, font face à des barrières culturelles ou linguistiques qui constituent un obstacle à leur intégration et à leur bien-être. En parallèle, les tendances suggèrent une augmentation des troubles de santé mentale :
– En Irlande, la proportion de jeunes adultes entre 18 et 25 ans concernés par une dépression sévère ou très sévère a augmenté, passant de 14% en 2012 à 21% en 2019 (Dooley & Fitzgerald, 2012; Dooley et al., 2019).
– En France, le taux de pensées suicidaires a doublé pour les 18-24 ans, passant de 3,3% en 2014 à 7,2% en 2021.

Un enjeu négligé et insuffisamment financé
Malgré ces chiffres alarmants, le sujet de la santé mentale reste peu étudié. Le rapport a permis de mettre en lumière qu’il existe peu d’informations spécifiques à la population étudiante en Europe, notamment des données sur les facteurs à l’origine des troubles de santé mentale (comme les facteurs socio-économiques, le genre ou l’origine ethnique) et des données qualitatives permettant de comprendre le vécu des étudiants et identifier des solutions. Par ailleurs, le manque d’investissement en faveur de la santé mentale étudiante a un effet dévastateur sur nos sociétés et nos économies : selon l’OMS, environ 12 milliards de jours de travail sont perdus chaque année dans le monde en raison de troubles dépressifs et anxieux, représentant un coût annuel d’1 trillion de dollars $USD en perte de productivité. Investir en amont dans la prévention et l’action sur les facteurs structurels s’avère bien plus rentable que de traiter les conséquences de la mauvaise santé mentale.
7 recommandations pour agir collectivement
Face à cette situation, Nightline Europe propose 7 recommandations pour encourager les décideurs politiques à travailler avec des acteurs clefs tels que les établissements d’enseignement supérieur et les organisations de la société civile dans l’objectif de mieux comprendre et de renverser les tendances de la mauvaise santé mentale des étudiants à travers l’Europe. Car une mauvaise santé mentale n’est pas une fatalité, il est indispensable d’intensifier les efforts tant en matière de prévention que de prise en charge.
• Student Mental Health In Europe – Nightline Europe. Lire la publication (en anglais). En savoir plus Nightline France