Il y a quelques années, dans un article, je faisais le constat suivant : la psychiatrie « marchait sur la tête ». Dans mon développement, j’affirmais que les activités occupaient une place centrale dans le dispositif de soins, notamment en termes de prévention de la violence, même si, aujourd’hui, certains professionnels ne mesuraient pas leur importance et les considéraient « hors soins » (1). Bien entendu, cette minimisation peut prendre sens dans une lecture où les troubles psychiques résultent d’un dysfonctionnement biologique ou d’une « erreur » génétique. Pour preuve, lors d’une récente formation au « Soclecare » (2), plusieurs infirmiers d’une unité ancrée dans cette orientation théorique ne semblaient pas directement concernés par ces fondamentaux du « prendre soin » mis en lumière par les travaux de Sophie Turkiel et Jean-Paul Lanquetin (3). Je leur ai donc posé cette question : « In fine, quel est votre rôle aujourd’hui ? ». Leur réponse illustre parfaitement les risques de cette dérive scientiste : « Pour l’essentiel, nous distribuons les traitements, nous évaluons leurs effets et quand nous avons un peu de temps, nous allons voir les patients ». Nul besoin d’ajouter que dans cette structure, les activités étaient considérées comme accessoire, au grand dam de soignants en perte de sens. Pour ceux, dont je suis, défendant une approche intégrative de l’étiologie des troubles psychiques et, par conséquent, une proposition de soins variée, créative, nécessairement ouverte à la rencontre avec le sujet, ce constat est alarmant.
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