Les jeunes filles plus exposées à la souffrance psychique que les garçons

FacebookXBlueskyLinkedInEmail

Une étude sociologique de l’Ifop sur la santé mentale des jeunes* dévoile un mal-être psychologique beaucoup plus présent chez les filles que chez les garçons. « Le genre féminin est un facteur aggravant de dévalorisation, qui entraîne des conséquences psychiques significatives », précisent les chercheurs.⁣

La plateforme de coaching dédiée au bien-être mental des jeunes Iamstrong a réalisé avec l’Ifop une étude sur la santé mentale des jeunes. Confirmant une dégradation depuis la crise sanitaire, déjà repérée dans d’autres études, les résultats pointent que des signes de détresse psychologique sont davantage marqués chez les filles, en lien avec un dévalorisation et une mauvaise estime de soi.

Voici ce qu’il faut en retenir

– les indicateurs de vulnérabilité psychologique sont plus élevés chez les filles, que ce soit via l’anxiété (68%, contre 51% chez les garçons), les états dépressifs (55%, contre 40%) mais aussi les pensées suicidaires, deux fois plus fréquentes chez les filles (27%) que chez les garçons (18%) ; l’estime de soi sur le plan physique est en effet un facteur majeur des pensées suicidaire ;
– conséquence de leur état psychologique dégradé, une jeune femme sur cinq (19%) en est même déjà venu à prendre des antidépresseurs dont 10% ces 12 derniers mois, soit deux fois plus que les hommes (5%) du même âge ;
– des marques de détresse psychologique qui vont souvent de pair avec un regard très négatif porté sur soi-même, notamment chez les filles (38%, contre 26% des garçons) ou n’ayant pas confiance en leur niveau scolaire (34%, contre 23% des garçons) ;
– un mal-être féminin qui se retrouve aussi dans un niveau de stress ordinaire beaucoup plus fort dans les rangs des femmes (76% vs 61% chez les hommes). Il transparaît ainsi d’autres symptômes comme le fait d’être « inquiète » sans savoir pourquoi (55% vs 38% chez les hommes) ou d’avoir des « maux de tête ou de ventre inexpliqués » (42% vs 26% chez les hommes) ;
– ce mal-être féminin va de pair avec une envie plus marquée « de tout abandonner » (32%, contre 17% des hommes), un sentiment de solitude plus élevé (55%, contre 45% des hommes). Alimenté par les crises (sanitaires, environnementales…) qui pèsent sur les esprits, le ressentiment d’une partie des jeunes à l’égard du monde qui les entourent est, lui aussi, plus répandu chez les jeunes filles avec un plus fort écœurement à l’égard de la société environnante (68%, contre 49% des hommes) ;
– plus les femmes s’écartent des normes traditionnelles, plus leur souffrance psychique s’intensifie. ainsi 88% des femmes homosexuelles/bisexuelles rapportent du stress intense contre 78% des femmes hétérosexuelles. Le paroxysme est atteint chez les personnes remettant en cause la binarité même : 94% des personnes « gender flmuid/non-binaires » présentent des symptômes anxieux sévères.

« Cette étude met en exergue la surexposition des filles à ces troubles psychiques tout en montrant à quel point la souffrance psychique explose, à cet âge, quand on se déprécie sur le plan physique ».

Cette réalité, selon la plateforme Iamstrong « appelle à une action collective pour prioriser la santé mentale des jeunes, en mettant l’accent sur la prévention, le renforcement de l’estime de soi et des outils de résilience pour faire face à un monde qui les met à rude épreuve« . Pour l’Ifop, « les violences psychologiques faites aux femmes sont encore trop souvent un angle mort de la lutte contre le sexisme. Cette enquête rappelle que la violence de genre n’est pas que dans les coups : elle s’immisce dans les regards du quotidien, les remarques désobligeantes, les micro-vexations et autres doutes qui, instillés au jour le jour, finissent pas saper l’estime de soi et altérer la santé mentale des femmes dans des proportions alarmantes.« 

*Étude IFOP pour Iamstrong réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 1er au 9 octobre 2024 auprès d’un échantillon de 1303 jeunes, représentatif de la population vivant en France métropolitaine âgée de 11 à 24 ans.

Étude réalisée par l’IFOP pour IAMSTRONG (novembre 2024) Observatoire du bien-être mental des jeunes dans l’enseignement secondaire et supérieur.