Fin 2019, 11 % des résidents d’Ehpad ont moins de 75 ans, et leur profil diffère des résidents plus âgées : davantage d’hommes, avec moins de ressources, une surreprésentation de difficultés psychiques et peu de maladies dégénératives, selon une étude de la Drees.
Une publication de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) propose un état des lieux du profil des résidents âgés de moins de 75 ans hébergés en Ehpad avant la crise sanitaire et de leur prise en charge en 2022. À cette date, on dénombre 67 000 résidents dans ces établissements, dont 14 000 ont moins de 65 ans. Plus les résidents sont jeunes, plus leurs profils diffèrent de leurs aînés : il y a davantage d’hommes, avec moins de ressources, une surreprésentation de difficultés psychiques et peu de maladies neurodégénératives.
Caractéristiques
Tout d’abord, les jeunes résidents de moins de 75 ans comptent autant d’hommes que de femmes, alors que les hommes ne représentent qu’une minorité des résidents plus âgés. Cette forte présence masculine chez les plus jeunes est également observée dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées (EHPA) et dans les unités de soins de longue durée (USLD).
Les jeunes résidents avant 75 ans sont moins atteints par les troubles liés au vieillissement et plus souvent par des handicaps anciens. Ainsi, la moitié des résidents de moins de 65 ans ont eu une reconnaissance administrative de handicap avant 60 ans, c’est un tiers des résidents de 65 à 69 ans et seulement 2 % de ceux de 75 ans ou plus. Ils sont également moins souvent en dépendance sévère. En effet, selon le groupe iso-ressources (GIR) qui correspond au niveau de perte d’autonomie d’une personne âgée, où le GIR 1 représente le niveau de perte d’autonomie le plus fort et le GIR 6, le plus : 44 % sont en GIR1 ou 2 contre 54 % pour les 75 ans ou plus. Les écarts sont encore plus marqués chez les plus jeunes : 39 % des moins de 65 ans sont considérés comme sévèrement dépendants. Au total, 18 % des résidents de moins de 65 ans ne sont pas dépendants au sens de l’aide personnalisée à l’autonomie (APA) [ils sont en GIR 5 ou 6, ou sans GIR], soit 10 points de plus que les résidents de 75 ans ou plus.
Davantage de difficultés psychiques chez les jeunes résidents
Les jeunes résidents les plus dépendants ont des besoins identiques aux résidents plus âgés très dépendants pour accomplir les activités de la vie quotidienne (besoins en termes d’aide à l’habillement, aux déplacements…). En revanche, les résidents moyennement dépendants ont des profils différents selon l’âge : les plus jeunes sont plus souvent capables de s’orienter dans le temps et dans l’espace que les résidents les plus âgés. De façon générale, les résidents les plus jeunes en Ehpad souffrent un peu moins souvent de maladies neurodégénératives (38 % des moins de 65 ans contre 53 % des 75 ans ou plus).
À l’inverse, les jeunes résidents moyennement dépendants ont plus de difficultés psychiques, comme des difficultés à se comporter de façon sensée, ou des difficultés à communiquer. Parallèlement, les jeunes résidents font bien plus souvent l’objet d’une protection juridique : 60 % des moins de 65 ans sont sous tutelle, soit 43 points de plus que les résidents de 75 ans ou plus.
On retrouve cette plus importante fragilité psychique, en particulier des plus jeunes résidents, en comparant les lieux de vie qui précèdent l’entrée en Ehpad. Ainsi, 14 % des résidents de moins de 65 ans proviennent d’un établissement ou service psychiatrique, contre 9 % des résidents de 70 à 74 ans et seulement 1 % des 75 ans ou plus. Les jeunes résidents se distinguent aussi plus souvent par une domiciliation antérieure dans un établissement pour adultes handicapés : 15 % des moins de 65 ans, contre 4 % des 70-74 ans et moins de 1 % des 75 ans ou plus.
À ces difficultés psychiques s’ajoutent des difficultés économiques pour les jeunes résidents : deux tiers des résidents de moins de 65 ans reçoivent l’aise sociale à l’hébergement (ASH) car ils ne sont pas en mesure de financer les frais de l’établissement, contre la moitié des résidents de 70 à 74 ans et seulement un sixième des résidents de 75 ans ou plus.
Les Ehpad spécialisés dans l’accueil des jeunes résidents restent rares
Il existe des Ehpad spécialisés dans l’accueil des jeunes résidents, le plus souvent pour les personnes handicapées vieillissantes ayant une déficience intellectuelle mais ils sont rares : fin 2022, alors que la France compte 7 450 Ehpad, seulement 40 d’entre eux ont au moins 60 % des résidents âgés de moins de 75 ans, ce qui représente 2 100 jeunes résidents pris en charge dans ces établissements.
280 Ehpad ont une unité pour personnes handicapées âgées, soit 60 de plus depuis 2015. Seulement 10 % des jeunes résidents de moins de 65 ans sont pris en charge dans ces services spécialisés ; 6 % des 65 à 69 ans et 3 % des 70 à 74 ans sont également dans ce cas.
• Ehpad : un résident sur dix a moins de 75 ans, L. Ricroch, Etudes et résultats, n°1302, mai 2024, en pdf.