« Apnée », de Natacha Sillègue

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Natacha Sillègue, usagère de la psychiatrie depuis quinze ans, publie un poème autobiographique sculpté à vif qu’elle présente comme « un uppercut, un jaillissement poétique au milieu de la tourmente ».

« On se noie rarement par hasard.

Avant l’asphyxie, il y a l’immersion.

L’engloutissement.

L’apnée. »

Pour la poétesse Alda Merini, « Il n’existe pas de folie dépourvue de signification ». Jeune professeure d’arts plastiques, Natacha Sillègue a la vie devant elle lorsque, d’angoisses en obsessions, elle entre dans l’univers psychiatrique. En apnée, plus de quinze ans. Pour la cause des malades elle écrit ce poème autobiographique sculpté à vif qu’elle présente comme « un uppercut, un jaillissement poétique au milieu de la tourmente ». Fascinée par les bistrots de campagne, les aires d’autoroute et exploratrice de pays imaginaire, l’auteure nous invite à la suivre au cours de ce voyage en immersion dans un monde qui est aussi nôtre. 

Lire Apnée, c’est traverser le miroir. Passer la porte de l’institution, ses manques et ses tentatives de sauvetage in extremis. Laisser résonner en soi une étrangeté surgie de nos océans intérieurs. Questionner nos fragilités et nos surgissements. On pense à Virginia Woolf, au film de Jane Campion Un ange à ma table (1).

Natacha Sillègue est née à Bourges en 1976. Du Berry, les souvenirs sont rares si ce n'est la devise de Jacques Cœur "Faire beaucoup, taire toujours » Alors, elle s’active : écriture, dessin, vidéo documentaire… Études d’Histoire, Beaux-Arts de Poitiers. Lassée de l'Éducation nationale, elle devient formatrice en français pour un public d'étrangers, migrants de tous pays, sans jamais cesser de créer. Elle vit aujourd’hui à Rochefort.

(1) Divisé en trois chapitres, qui portent les titres des trois parties de l’autobiographie de Janet Frame (To the Is-land, An Angel at My Table et The Envoy from Mirror City) le film de Jane Campion retrace les débuts difficiles de cette femme, issue d’une famille nombreuse dans un milieu ouvrier, qui se distingue très tôt par ses dons littéraires et son goût pour la poésie. Lorsqu’elle étudiait à l’université avec le rêve de devenir enseignante, elle fut arbitrairement internée en hôpital psychiatrique et diagnostiquée schizophrène. Enfermée pendant huit ans, elle subira deux cents électrochocs et échappera de justesse à une lobotomie. N’ayant jamais cessé d’écrire, c’est sa notoriété grandissante et la chance d’avoir été publiée qui lui permettront enfin de quitter l’asile et de commencer une nouvelle vie, en voyageant en Angleterre et en Espagne. Bande annonce.

LIRE UN EXTRAIT :

Ed. La nage de l’ourse, mars 2024, 15 €