La plupart des patients hospitalisés à l’Unité pour malades difficiles (UMD) ont une connaissance approfondie du système psychiatrique. Ils ont déjà fait l’objet de nombreux soins et, face aux échecs répétés, sont devenus chimio-résistants ou hostiles. Dans ce contexte, la blouse blanche est bien souvent un frein relationnel et la notion de soin, un obstacle.
Du côté des soignants, « l’inquiétante étrangeté » (1), l’énigmatique, les com- portements transgressifs, agressifs ou violents de ces patients provoquent parfois des contre-attitudes, des réactions de rejet, de peur, de sidération, de révolte ou d’incompréhension… Or, ces mises en scènes bruyantes, troublantes, parfois bouleversantes, sont autant d’appels qui attendent des réponses. Elles font écran à une souffrance psychique mal métabolisée, mal contenue qui finit par se manifester et s’exprimer dans l’« agir ». Gardons à l’esprit cette grille de lecture en guise de boussole, pour ne pas se perdre et adopter trop rapidement des réponses coercitives en miroir, dans un mimétisme violent (2). Donner du sens à ce qui est mis en scène reste un défi quotidien pour accompagner et prendre soin. Dans ces services où imprévisibilité et insécurité sont prégnantes, les capacités de contenance du professionnel et de l’équipe sont essentielles.
Face à ces problématiques difficiles, nous pouvons fuir par lâcheté ou relever le défi… Sans détourner les yeux, nous pouvons changer notre regard, donner un coup de pouce au sort et transformer notre réalité !
Embarqués dans le même navire que les patients, les yeux rivés vers d’autres horizons au-delà des murs, lancés vers une pro- messe de partage, une idée s’est imposée à nous : créer ensemble une œuvre d’art ! Il existe forcément des corrélations entre l’art et la contenance. La pratique artistique commune pourrait abraser nos inquiétudes et renforcer nos liens.
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