Patient sous neuroleptique… la vigilance est la bonne pratique

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La Haute Autorité de Santé (HAS) publie un Flash Sécurité Patient sur les neuroleptiques qui rappelle les recommandations de bonnes pratiques mises à la disposition des professionnels de santé lorsqu’elles existent.

Contexte

En 2000, une étude menée par l’assurance maladie, révèle qu’un quart de la population française protégée par le régime général consomme des psychotropes[1]. Parmi les psychotropes les plus utilisés, on retrouve les anxiolytiques (17,4 %), suivis des antidépresseurs (9,7 %), des hypnotiques (8,8 %), et des neuroleptiques (2,7 %).

En 2014, l’enquête menée par le Baromètre santé de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES)[2], confirme que la France continue de figurer parmi le plus important pays consommateur de psychotropes en Europe. Les neuroleptiques y apparaissent comme les psychotropes les moins utilisés. Mais essentiels à la qualité de vie des patients, leur surveillance doit être régulière pour prévenir les effets indésirables graves liés à leurs effets thérapeutiques.

La base REX-EIGS de la HAS, met en exergue 60 évènements graves médicamenteux liés à un mésusage de neuroleptiques, parmi lesquels, 1/3 sont liés à une absence d’évaluation régulière du traitement neuroleptique.


Objectifs

En partageant le retour d’expérience des professionnels confrontés à ces évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS), ce flash permet : 

  • d’alerter les professionnels de santé et les équipes de soin de la survenue d’EIGS qui auraient été évités par un suivi du patient sous neuroleptique, et une évaluation régulière de son traitement, 
  • de sensibiliser les professionnels de santé à la prévention de ces EIGS, 
  • de renforcer l’information et la formation des personnels de soin sur les bonnes pratiques de surveillance des patients sous neuroleptique et la prise en compte des signes d’alerte.


Pour que cela ne se reproduise pas

L’analyse des EIGS fait apparaitre comme causes profondes principales à ces évènements un défaut de surveillance du patient, une absence d’évaluation régulière de son traitement, une méconnaissance des effets indésirables graves et des risques encourus par le patient traité par neuroleptique qui devront l’amener à consulter rapidement un médecin. Cette surveillance peut s’articuler autour :    

DE L’INFORMATION du patient et de son entourage : sur le bon usage des médicaments psychotropes et les possibles effets secondaires qui devront amener à consulter rapidement un médecin, notamment en cas de constipation sévère ou, a contrario, de diarrhée inexpliquée, de douleurs abdominale, mais aussi par exemple de vomissements ou encore de difficultés à respirer ;

DU DÉPISTAGE par la prise en compte :

-des facteurs de risque du patient (antécédents médicaux, traitements en cours, hygiène de vie), avant toute prescription de neuroleptique,

-de toute interaction du traitement notamment sur le métabolisme glucidique et lipidique,

-de la non-observance ou de l’arrêt brutal de traitement,

-de tout changement de comportement, tout syndrome douloureux abdominal ou sensibilité abdominale, etc.;


DE LA SURVEILLANCE :

-des effets neurologiques, métaboliques (poids, périmètre abdominal), ou neurovégétatifs (constipation, sécheresse buccale) (3) par des examens cliniques répétés et une réévaluation des traitements

-des effets biologiques : glycémie, bilan lipidique, etc.,

-des effets cardio-vasculaires : TA, ECG ;

DE LA SENSIBILISATION ET LA FORMATION des professionnels de santé à la prise en charge des patients traités par neuroleptique et aux risques encourus.
Il faut également être vigilant quant aux biais cognitifs (raccourcis de la pensée) pouvant compromettre la qualité de la prise en charge des patients, en particulier en psychiatrie, comme la propension à mettre toute symptomatologie sur le compte de la maladie psychiatrique.


[1] , Médicaments psychotropes : consommation et pratiques de prescription en France métropolitaine. I. Données nationales, 2000 Psychotropic Medications: Prescriptions and Use in Metropolitan France. I. National Data For 2000

[2] , Les consommations de médicaments psychotropes en France, la santé en action – no 427 – mars 2014
(3) ANSM – Antipsychotiques : rappel des mesures de suivi cardio-métabolique (MAJ 7 janvier 2021)

Flash Sécurité Patient – Patient sous neuroleptique la vigilance est la bonne pratique