Le fardeau de la dépression résistante

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Comment la dépression résistante impacte-t-elle la santé et la qualité de vie du patient, et quelles en sont les conséquences pour la société sur le plan médico-économique ? Le Dr. Nabhan-Abou (CH Rennes) répond à ces questions dans un podcast de la chaîne « Psyché », conçue pour en savoir plus sur les maladies psychiatriques.

La dépression résistante est définie par l’échec d’au moins deux essais successifs de traitements antidépresseurs bien conduits en termes de dose et durée au cours de l’épisode dépressif actuel (1). Il convient donc de s’assurer que les traitement reçus par le patient au cours de l’épisode dépressif actuel aient été pris à la bonne dose et sur la bonne durée pour éliminer les pseudo-résistances. La notion de résistance diffère ainsi de la notion de sévérité ou de chronicité.

La résistance concerne 15 à 30 % des patients souffrant de dépression (1), soit 150 000 personnes en France (2).

Leurs chances d’atteindre la rémission diminuent alors avec l’accumulation des lignes de traitement ; tandis que le poids de la maladie augmente du fait d’un état clinique aggravé (3). En effet, leur qualité de vie et leurs relations sociales, familiales et professionnelles continuent de s’altérer (2), alors même que la durée moyenne d’un épisode s’allonge fortement : 1004 vs 452 jours (dépression résistante vs dépression non résistante)(4).

Toutes causes confondues, la mortalité augmente aussi significativement : 35% en plus en cas de résistance (5).

Les hospitalisations liées à la dépression résistante représentent le principal fardeau économique (6). Plus largement, la dépression résistante engendre une augmentation des recours aux soins chez le médecin généraliste, en service d’urgence, en hospitalisation (6), ainsi qu’une polymédication accrue (7). Le nombre de jours de travail perdu double quasiment en cas de résistance (102,3 vs 56,2 jours)(7).

Enfin notons que le risque de suicide chez les patients souffrant de dépression résistante est multiplié par 7 par rapport aux patients présentant une dépression non résistante (8).

En savoir plus

Les podcasts Psyché donnent la parole aux spécialistes qui pratiquent la psychiatrie au quotidien. Choisis pour leur expertise, ces praticiens apportent en 10-15 minutes, un éclairage essentiel sur différentes thématiques pour optimiser les pratiques.
Episode 1 : Le fardeau de la dépression résistante
Episode 2 : Une dépression résistante est-elle forcément une dépression sévère ou chronique ?
Episode 3 : Les comorbidités : facteurs de résistance dans la dépression ?
Episode 4 : Vers une nouvelle hypothèse pharmacologique dans la prise en charge de la dépression résistante

(1) Holtzmann et al. Quelle définition pour la dépression résistante ? Press Med 2016;45(3):323-328.

(2) Miret M, et al. Neuroscience & Biobehavioral Reviews 2013:37(10):2372–74.

(3) Rush AJ et al. Acute and longer-term outcomes in depressed outpatients requiring one or several treatment steps: a STAR*D Report. Am J Psychiatry 2006; 163(11): 1905‒1917.

(4) Kubitz et al. Characterization of treatment resistant depression episodes in a cohort of patients from a US commercial claims database. Plos.One 2013;8(10):e76882.

(5) Reutfors et al. Mortality in treatment resistant unipolar depression : a register-based cohort study un Sweden. Journal of Affective Disorders 2018;238:674-679.

(6) Jaffe et al. The hurnarnistic end e-conomic burden of treatment resistant depression in Europe: a cross-sectional study. BMC Psychiatry 2019;19:247.

(7) lvanova et al. Direct and indirect costs of employees with treatment-resistant anc non-treatment-resistant major depressive-disorder.Current Medical Research & Opinion 2010; 26(10):2475-2484.

(8) Feldman et al, Medicare patient experience with vagus nerve stimulation for treatment-resistant depression, Journal of Medical Economics 2013;16(1):62·74.