C’était une demande unanime de la profession infirmière et ce, de longue date ; un souhait exprimé à plusieurs reprises notamment dans les enquêtes réalisées par l’Ordre National des Infirmiers qui touchaient à la reconnaissance et à l’extension des compétences infirmières. Un décret en date du 21 avril 2022 étend la liste des vaccinations réalisables par les infirmiers sans prescription médicale et précise les modalités de traçabilité. Un arrêté précise la liste des bénéficiaires.
Rappelons qu’en janvier dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS), saisie par le Directeur Général de la Santé (DGS) dans le cadre de l’amélioration de l’offre vaccinale et de l’amélioration du parcours vaccinal des personnes, recommandait « que les infirmiers, pharmaciens et sage-femmes soient autorisés à prescrire et administrer les vaccins non vivants inscrits au calendrier vaccinal aux personnes âgées de 16 ans et plus, à l’exception des personnes immunodéprimées dont les schémas vaccinaux peuvent être différents : Diphtérie-Tétanos-Coqueluche-Poliomyélite ; Papillomavirus humains / Pneumocoque ; Hépatite B ; hépatite A ; Méningocoques A, C, W, Y et la grippe. Ne sont pas concernés les vaccins contre le méningocoque B et la rage, qui sont relatifs à des situations particulières et rares« .
Pour Patrick Chamboredon, Président de l’Ordre national des infirmiers, « l’extension des compétences vaccinales des infirmiers répond à un enjeu prioritaire de prévention, d’autant que l’on constate d’importants retards dans le calendrier vaccinal depuis le début de la crise sanitaire. Elle garantit une meilleure couverture vaccinale de la population française puisque les infirmiers sont les derniers professionnels de santé à se rendre au domicile des patients. Enfin, c’est la reconnaissance d’une compétence infirmière déjà largement reconnue à l’étranger ».
Dans un communiqué publié le 23 avril 2022, Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC, se réjouit également de la suite favorable que donne aujourd’hui le Gouvernement à la recommandation de la HAS : « il était temps, car la France est lanterne rouge, les autres pays du monde plaçant les infirmières en première ligne pour la vaccination de la population. » Et de souligner « qu’alors que les 700.000 infirmières sont déjà parfaitement formées à la vaccination, et que la loi reconnaissait leurs compétences légales, une administration rétrograde avait publié ensuite un décret et un arrêté réduisant l’exercice infirmier autonome sur la vaccination à une seule pathologie, la grippe, et seulement pour les personnes âgées ou malades chroniques. Suite au mouvement infirmier de novembre 2016, le gouvernement s’était engagé à modifier ces textes pour permettre à l’infirmière, dans le cadre de son rôle autonome, d’exercer ses compétences auprès de l’ensemble de la population et des pathologies. Grâce aux élections présidentielles, nous obtenons enfin en partie satisfaction, avec la publication du décret du 23 avril 2022.«
Les infirmiers sont donc désormais habilités à administrer, sans prescription médicale préalable, les vaccins contre la grippe, rage, diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, papillomavirus humains, pneumocoque, hépatites (A et B), méningocoques (A, B, C, Y et W). Sont donc exclus, les vaccins dit « vivants atténués », dont le vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR) et celui contre la tuberculose (BCG). « Là encore, nous avons du mal à comprendre pourquoi l’infirmière française ne serait pas compétente sur la vaccination ROR et le BCG, alors que dans le monde des milliards de personnes ont déjà été vaccinées par des infirmières autonomes » regrette Thierry Amouroux.
• Décret n° 2022-610 du 21 avril 2022 relatif aux compétences vaccinales des infirmiers et des pharmaciens d’officine ; JORF n°0095 du 23 avril 2022 – Texte n° 37.
• Arrêté du 21 avril 2022 fixant la liste des personnes pouvant bénéficier des vaccinations administrées par un infirmier ou une infirmière, sans prescription médicale préalable de l’acte d’injection ; JORF n°0095 du 23 avril 2022 -Texte n° 41.