Parmi les patients atteints de cancer, la mortalité de ceux atteints de pathologie psychiatrique est deux fois supérieure à celle des patients sans pathologie psychiatrique, constituant une perte de chance. Cela pourrait s’expliquer entre autres causes par un accès suboptimal à des soins oncologiques adaptés, reposant parfois sur un refus de traitement.
Si le patient atteint de maladie psychiatrique conserve juridiquement son autonomie décisionnelle, sa pathologie peut interférer avec sa perception de la maladie, son raisonnement, sa volonté et sa capacité à s’exprimer. Grâce au repérage précoce et systématique des pathologies psychiatriques face à un refus de soins, la potentielle perte de chance peut être diminuée. C’est un des points des recommandations éditées en 2018 par la Société Française et Francophone de Psycho-Oncologie sur le refus de traitement oncologique.
Ce poster présenté lors du Congrès de l’Encéphale*, en janvier 2021, explicite le sujet. Les deux auteures ont lancé une enquête en février 2021 auprès d’internes en oncologie sur la place qu’ils accordent à une évaluation psychiatrique face à un refus de traitement, grâce à un questionnaire en ligne composé de 12 questions à réponses multiples. 87 réponses ont été recueillies.
« On observe que bien qu’étant conscients de l’impact potentiel d’une pathologie mentale sur le refus de soins oncologique, seulement 35,6 % des internes recherchent systématiquement les antécédents psychiatriques face à un refus de traitement. Même en présence d’antécédents psychiatriques connus, l’avis psychiatrique n’est demandé que dans 43 % des cas, soulignent les auteures. Par ailleurs, ils n’identifient pas suffisamment les symptômes psychiatriques pouvant entraver les soins (68 % seulement pour les symptômes anxieux et 64 % pour les addictions sévères). Enfin, 97 % des internes ne connaissent pas les recommandations de 2018 « .
Et de conclure : « la place accordée à l’évaluation psychiatrique face à un refus de traitement oncologique reste donc insuffisante actuellement. Un meilleur travail interdisciplinaire permettrait de diminuer la perte de chance des patients atteints de pathologie psychiatrique et de cancer« .
Les auteurs ont par ailleurs élaboré un outil d’aide à la prise en charge du refus de traitement oncologique à destination des oncologues, rappelant l’impératif d’évaluation psychiatrique en cas d’antécédent psychiatrique connu, et proposant une liste de critères susceptibles en l’absence d’antécédent de faire suspecter un trouble psychiatrique.


*Ce poster a été présenté par Claire de la Perriere 1, Sarah Dauchy2 lors du dernier Congrès de l’Encéphale, du 19 au 21 janvier dernier.
1- Centre Hospitalier de Versailles André Mignot, 177 rue de Versailles, 78150 Le Chesnay-Rocquencourt, France.
2- Hôpital Hôtel-Dieu, 1 parvis Notre-Dame, place Jean-Paul II, 75004 Paris, France.