Cette étude intitulée « Prévalence et sévérité de la violence verbale, physique et sexuelle des patients hospitalisés envers les infirmières dans les hôpitaux psychiatriques suisses et caractéristiques associées liées aux infirmières : étude transversale multicentrique » a été menée par l’Université de Bâle et conduite par le Pr Michael Simon de l’Institut bâlois des sciences infirmières. .
L’étude décrit la prévalence et la gravité de la violence hospitalière psychiatrique contre les infirmières en Suisse alémanique, étudie les associations entre les caractéristiques liées aux infirmières (socio-démographie ; exposition antérieure à des formes graves de violence hospitalière psychiatrique ; attitude envers la violence en milieu hospitalier psychiatrique) et l’exposition des infirmières à divers types de violence en milieu hospitalier psychiatrique.
Les chercheurs ont utilisé les données d’une enquête transversale (échantillon de l’étude MatchRN Psychiatry) de 1128 infirmières travaillant dans 115 unités de 13 hôpitaux psychiatriques. En plus des agressions avec des conséquences graves « à vie », l’exposition des infirmières à la violence contre les biens, à la violence verbale, à la violence sexuelle verbale, à la violence physique et à la violence sexuelle physique a été évaluée pendant les 30 jours précédant l’enquête. Des statistiques descriptives (fréquence et pourcentage) ont été calculées pour chaque classe de violence ainsi que pour les items à l’étude. Avec des modèles mixtes linéaires généralisés, des rapports de cotes et des intervalles de confiance à 95 % ont été calculés.
L’enquête montre que le danger d’une agression verbale à caractère sexuel est particulièrement élevé s’agissant de femmes jeunes avec un temps de travail élevé et moins de trois ans d’expérience.
Parmi les infirmières interrogées (70% d’entre elles étaient des femmes) : 73 % ont déclaré avoir été victimes de violence verbale, 63 % de violence contre les biens, 40 % de violence sexuelle verbale, 28 % de violence physique et 14 % de violence sexuelle physique. Près de 30 % avaient subi une agression grave au cours de leur vie professionnelle.
Conclusions
Cette analyse indique qu’une proportion relativement élevée d’infirmières ont été et continuent d’être victimes de violences psychiatriques en Suisse alémanique, entraînant une série de conséquences négatives et d’influences négatives à long terme. En particulier, les infirmières ayant moins d’expérience professionnelle et celles dont les antécédents incluent des agressions graves par des patients ont besoin de protection. De plus, les attitudes des infirmières à l’égard de la violence des patients hospitalisés en psychiatrie doivent être intégrées dans les stratégies de prévention. Il est nécessaire d’avoir une définition universellement et nationalement acceptée de la violence des patients contre les infirmières dans le secteur de la santé, afin que les victimes, les organisations de santé et les décideurs sachent exactement quand ils sont touchés (Organisation mondiale de la santé 2021). Les stratégies de protection établies, y compris la formation à la gestion des agressions ou les dispositifs d’alarme, ont apparemment une valeur limitée pour réduire la violence des patients psychiatriques contre les infirmières, dont la forte prévalence indique des lacunes majeures dans les milieux psychiatriques à tous les niveaux politiques, de l’établissement individuel à l’association internationale des soins de santé ( Cowman et al. 2017). Garantir les meilleures pratiques de gestion de la violence nécessitera des interventions de gestion inter-établissements collaboratives qui tiennent compte des caractéristiques des infirmières, des patients et de l’unité. Par conséquent, des stratégies politiques et éducatives sont nécessaires pour développer des stratégies préventives et interventionnelles efficaces concernant la violence des patients contre les infirmières. Les impacts à la fois des caractéristiques liées aux infirmières et des caractéristiques de l’unité ne doivent pas être sous-estimés. Par exemple, les risques les plus élevés sont attendus en soins aigus et en gérontopsychiatrie (Abderhalden et al. 2002), où entre autres l’utilisation de mesures coercitives peut être revue. Alors que la santé et la sécurité des infirmières doivent être une priorité dans la culture organisationnelle à travers la Suisse, les infirmières de ces unités devraient être les premières à recevoir des interventions ciblées, par exemple des interventions de formation en promotion de la santé mentale ou une formation à la résilience.
• Lire l’étude publiée le 30 juin 2020 dans l’International Journal of Mental Health Nursing