La « dysphorie » est une expression de notre postmodernité, que l’on peut déplacer de la question des genres (1) à celle de l’accueil en psychiatrie. En effet, ce terme me paraît approprié pour faire entendre qu’il y a à ce stade, du côté de l’accueillant, une sorte de malaise et d’ambivalence inévitable, pas nécessairement de façon permanente, mais certainement régulièrement. L’accueillant est ainsi confronté à des difficultés, pas toujours simples à éclaircir, à des interrogations parfois anxieuses, à des limites dans son ambition professionnelle, à des sensations désagréables. La dysphorie de l’accueil convoque des émotions contradictoires chez le soignant, et pointe quelque chose de l’ordre d’une humeur qui pourra être changeante. Nous pourrions penser que l’accueillant, dans son travail, est enthousiaste… mais le voilà qui en revient, perplexe, envahi d’éléments troubles et de questions : ai-je bien fait ? Est-ce que je n’ai pas accédé trop vite à la demande du patient (ou, à l’inverse, été trop rigide avec lui) ? En prenant telle orientation, n’ai-je pas cédé à la pression de l’équipe ? Lors de l’entrevue clinique, n’aurais-je pas dû interroger davantage le patient (ou sa famille) ? Faudrait-il que je retourne le voir ? Suis-je carrément passé à côté du diagnostic ?
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