En France, une personne sur quatre est isolée et les plus jeunes particulièrement impactés, c’est le principal enseignement de l’étude 2021 sur les solitudes réalisée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) pour la Fondation de France.
Le contexte de distanciation sociale destiné à limiter l’épidémie de Covid-19 a fortement affecté la qualité et la fréquence des liens sociaux : moins de possibilités de trouver un soutien en cas de difficultés, effets négatifs sur la cohésion sociale, numérisation des liens sociaux qui renforce l’isolement des personnes déjà isolées, généralement peu connectées… La jeunesse, période cruciale pour la construction de la vie sociale, est particulièrement touchée. Même s’ils ont davantage eu recours aux outils numériques pour maintenir des contacts, cette solitude vient s’ajouter aux difficultés scolaires, de logement, d’emploi, de santé… rencontrées par de nombreux jeunes.
L’enquête révèle que 24 % de la population en France est en situation d’isolement relationnel, ce qui représente une augmentation de 10 points par rapport à janvier 2020, en raison des restrictions sanitaires notamment et que 30 % n’a plus qu’un seul réseau de sociabilité, ce qui les rend très vulnérables.
« J’ai eu 20 ans cet hiver, je n’ai pas fait la fête. Mes parents ont accepté que ma meilleure amie vienne à la maison, mais elle a dû respecter un isolement strict avant de venir. Pour le nouvel an, je n’ai rien fait, je suis restée toute seule dans ma chambre », raconte Claire, 20 ans, étudiante, qui vit chez ses parents avec ses sœurs.
La sociabilité des jeunes a été fortement éprouvée par le Covid. La pandémie s’est traduite par une réduction des réseaux relationnels des jeunes, ce qui a renforcé chez eux le sentiment de solitude : 33 % des jeunes expriment un sentiment de solitude vs 14 % chez les 60 ans et plus. Ce ressenti a augmenté de 5 points en un an alors qu’il reste stable pour le reste de la population (21 %). 21 % des 15-30 ans sont en situation d’isolement (+ 9 points en un an) et seuls 46 % ont maintenu des contacts réguliers avec leur famille ou leurs amis. Les jeunes ont diminué leurs contacts avec tous leurs réseaux : amical (- 17 points entre 2020 et 2021) ; familial (- 14 points) ; associatif (- 4 points) ; professionnel (- 3 points). Seuls les contacts de voisinage ont connu une croissance : + 4 points. Plus inquiétant, les jeunes sont les plus nombreux parmi la population à avoir un sentiment d’abandon, d’exclusion ou d’inutilité (54 % vs 35 % pour la moyenne générale). Les jeunes isolés connaissent davantage de difficultés que les autres personnes isolées sur le plan financier, de l’emploi et du logement. Ces difficultés ont été amplifiées par la mise à l’arrêt d’une grande partie de l’économie en 2020, les emplois des jeunes étant particulièrement concernés.
Tous les jeunes s’accordent à dire que le suivi des cours en distanciel a été particulièrement difficile à vivre. Les apprentissages ont été ralentis et les risques de décrochage scolaire ont augmenté.