Dépression : prise en charge insuffisante et manque d’informations

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Le baromètre (1) mené par CSA pour l’Unafam, la Fondation Pierre Deniker et Janssen auprès de plus de 1 000 Français et 300 professionnels de santé concernant la dépression met en évidence trois grands enseignements.


D’abord, alors que 10% des Français souffrent actuellement de dépression et que 25 % en ont
déjà souffert, la prise en charge de la maladie reste largement insuffisante.

– On découvre notamment que seuls 33 % des malades sont actuellement suivis par un
professionnel de santé.
– Un constat préoccupant quand on sait que près de 2/3 des patients vivant ou ayant déjà
vécu un épisode dépressif, ont déjà eu des pensées suicidaires, et que la dépression a
entraîné ou amplifié d’autres problèmes de santé pour plus de la moitié d’entre eux.


Ensuite, l’étude met en évidence que, pour les patients, le silence s’ajoute à la souffrance
psychique et à la prise en charge insuffisante.

– Près de la moitié des personnes actuellement atteintes n’en parlent pas (46%), et 62%
ont l’impression que leur maladie n’est pas comprise par leur entourage.
– Le constat est similaire chez les soignants : ils estiment en majorité que c’est une maladie
dont on parle peu (63 %), ce qui la rend difficile à aborder avec le patient (53 %).

– Ce silence aggrave le fardeau de la maladie : près d’un patient sur trois pense ne jamais
en sortir (29 %).

• Enfin, le sondage confirme une intuition largement partagée : déjà préoccupante, la situation
s’accentue avec la crise Covid.

– A l’heure de la crise sanitaire, plus d’un Français sur dix avoue avoir déjà eu des pensées
suicidaires (14%). Un chiffre encore plus alarmant chez les 18 à 24 ans (30%).
– Quant aux personnes actuellement en dépression : 1 sur 2 estime que sa maladie s’est
aggravée avec la pandémie.
– Un constat partagé par les professionnels de santé : pour 85% d’entre eux, le Covid-19
a fait augmenter le nombre de patients et a également nui à leur pratique du soin (rendezvous
annulés, traitements abandonnés…).

Une urgence qui fait oublier que la dépression se soigne
À ce tableau sombre, s’ajoute un élément trop peu évoqué : oui, la dépression se soigne, comme 95%
des soignants l’affirment. C’est pourquoi l’Unafam et la Fondation Deniker insistent sur le sentiment
de gachis qu’inspirent ces résultats.

Celui-ci prend racine dans plusieurs maux. Comme le montre le sondage, l’information reste insuffisante
auprès de la population. Mais le premier besoin est humain : deux tiers des soignants estiment que l’on
manque de personnel formé, et la moitié des aidants doivent soutenir leur proche malade seuls (44 %).
Cette étude révèle une spirale de refoulement des troubles psychiques, des patients et des soins en
marge de la vie collective dont la mesure doit être prise.
Pour Marie-Jeanne-Richard, présidente de
l’Unafam : « Face au fardeau de la dépression, les familles crient à l’aide ! Elles savent que leur
présence auprès de leurs proches est importante mais elles se sentent impuissantes voir épuisées. Elles
ont besoin d’aide pour garder espoir ».

« L’ensemble de ces résultats confirment les difficultés que nous rencontrons sur le terrain et que la crise
actuelle accentue »
conclut pour sa part Raphaël Gaillard, président de la Fondation Pierre Deniker.

(1) Observatoire « Les Français et la dépression » réalisé par l’Institut CSA pour le compte du laboratoire Janssen, de la Fondation Pierre Deniker et de l’unafam (sept 2021)