Selon une enquête transgénérationnelle sur les déterminants de l’attractivité de la psychiatrie, l’attrait du libéral est fort de pour nombreux praticiens.
L’hôpital psychiatrique public traverse une grave pénurie médicale (1). Alors que chaque année depuis 2012, des postes d’internes en psychiatrie restent vacants à l’issue de la procédure de choix après l’examen classant national (ECN) (2), l’enquête #ChoisirPsychiatrie s’intéresse aux déterminants de l’attractivité de la discipline, dans la perspective d’identifier des leviers d’action documentés. Portée par l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues (AJPJA), l’Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (Affep) et l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), elle a été menée en ligne, de mai à août 2021, auprès de trois générations (étudiants en médecine, internes en psychiatrie et psychiatres diplômés). Cinq thématiques étaient abordées : les données socio-démographiques et le profil des répondants, le parcours et les choix de carrière, les pratiques et représentations, les activités professionnelles et la qualité de vie, les attentes et perspectives. Des premiers résultats, basés sur 3 396 répondants, viennent d’être présentés.
Contrairement aux idées reçues, la psychiatrie est une discipline majoritairement choisie, et non prise par défaut. Le stage est déterminant pour ce choix, tout comme la stimulation intellectuelle, le sentiment d’une grande tolérance/empathie au sein de la communauté des psychiatres, l’ouverture sur les autres disciplines, l’attrait pour la pratique psychothérapeutique ou l’intérêt pour les personnes/patients.
Parmi les critères de choix, est pointé l’attrait financier, à corréler avec l’attrait du libéral. Ainsi, près de 80 % des étudiants se déclarent « intéressés par la possibilité du libéral », 10 % des internes se disent prêts à rejoindre ce mode d’exercice dès la fin de l’internat, et un sur 4 se voit en cabinet ou en clinique d’ici 10 ans. Près d’un quart des psychiatres diplômés envisagent également cette perspective. Ces projets sont fortement corrélés aux mauvaises conditions de travail à l’hôpital public, associées notamment à la charge administrative ou aux relations complexes avec les directions et l’administration des établissements.
Si ces résultats peuvent constituer un signal inquiétant pour la psychiatrie publique, faisant craindre une « fuite » massive vers le libéral, ils mettent aussi en évidence des leviers d’action « à la portée des professionnels » . Une transformation des pratiques en psychiatrie s’impose donc, axée sur une réorganisation des soins basés sur les principes du rétablissement. Une analyse plus fine de ces résultats permettra d’élaborer des propositions d’actions.
1– Voir par ex. « Effondrement » et « crise d’attractivité » de la psychiatrie publique, Rencontre Ministre de la Santé et Présidents des conférences hospitalières, 14 juin 2021, site de Santé mentale. 2– www.medshake.net/medecine/ECN/statistiques/psychiatrie/
• #Choisir Psychiatrie. Enquête transgénérationelle sur les déterminants d’attractivité de la psychiatrie. Contact : presidence@ajpja.fr