Portée par le CH Le Vinatier, la recherche Protect va évaluer l’utilisation et l’efficacité préventive d’un plan de protection co-élaboré par le patient avec un infirmier des urgences après une première tentative de suicide.
Chaque année, le suicide est la cause de 8 580 décès en France (1). Les personnes ayant fait une première tentative sont identifiées comme étant plus à risque de réaliser à nouveau un geste suicidaire, tout particulièrement dans le premier mois qui suit (2). Par ailleurs, les interventions brèves de santé (3) sont efficaces pour réduire le nombre de décès par suicide. En 2012, deux psychiatres américains (4) développent et évaluent l’efficacité d’un outil de prévention de la réitération suicidaire : le plan de protection (Safety Plan). Il est constitué d’une liste de stratégies, co-construites par le patient et un professionnel de santé, et se déploie en 6 points :
– identification des signes avant-coureurs de la crise suicidaire ;
– identification des stratégies de gestion du stress ;
– sollicitation d’un réseau social de distraction ;
– sollicitation d’un réseau social de soutien ;
– identification de ressources professionnelles du soin ;
– restriction d’accès aux moyens suicidaires.
Une fois élaboré, ce plan de protection est conservé par l’utilisateur et peut être utilisé en complète autonomie dès les premiers signes annonciateurs d’une crise suicidaire. Cet outil de prévention, dont les premiers résultats outre Atlantique sont très encourageants, n’a pas encore été adopté dans les pratiques soignantes en France.
Dans ce contexte, l’étude Protect vise à évaluer l’efficacité à 6 mois du plan de protection, lorsqu’il est mis en place par l’infirmier des urgences, avant la sortie, pour des personnes déjà incluses dans le programme VigilanS (dispositif national de prévention de la réitération suicidaire).
Cette recherche nationale va impliquer 11 centres hospitaliers dotés d’un service VigilanS et s’implanter dans 15 services d’urgences. Dans chaque centre, des collaborateurs en particulier infirmiers seront identifiés, ainsi que des médecins. L’étude se déroule en 3 étapes :
– traduction du plan de protection en français par un comité d’experts ;
– évaluation de son efficacité auprès de 2 387 participants à l’étude, dont une partie servira de groupe témoin (sans intervention) pour réaliser une comparaison à un groupe qui recevra le plan de protection (groupe intervention) (essai contrôlé randomisé) ;
– évaluation de son utilisation auprès d’un échantillon de participants, par les professionnels de santé et les usagers eux-mêmes.
Portée par le CH Le Vinatier, cette étude a obtenu un financement de 387 986 euros pour trois ans dans le cadre d’un Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale.
1– www.cepidc.inserm.fr. 2– Geulayov, G. et al., (2019). Suicide following presentation to hospital for non-fatal self-harm in the Multicentre Study of Self-harm : a long-term follow-up study. The Lancet Psychiatry, 6 (12), 1021-1030. 3– Riblet, N., et al. (2017). Strategies to prevent death by suicide : meta-analysis of randomised controlled trials. The British journal of psychiatry : the journal of mental science, 210 (6), 396–402. 4– Stanley, B., Brown, G. K. (2012). Safety planning intervention : a brief intervention to mitigate suicide risk. Cognitive and behavioral practice, 19 (2), 256-264.
• Contact : Benoît Chalancon, infirmier, investigateur coordonnateur de Protect.
Lire aussi sur ce sujet : Prévenir la réitération suicidaire, Santé mentale, n° 256, mars 2021.