Les chiffres alarmants des agressions sexuelles durant les études de santé

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Un tiers des étudiants en médecine ont déjà été victimes de harcèlement sexuel durant un stage, de la part d’un supérieur dans neuf cas sur dix, selon une enquête de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Elle formule vingt propositions pour y remédier.

Près de 4 500 étudiants de la 2e année à la 6e année de médecine ont répondu du 8 mars au 30 avril 2020 à cette enquête menée par l’Anemf. Elle démontre l’étendue des violences sexistes et sexuelles (VSS) à l’hôpital (lors des stages) mais aussi dans le cadre de leur vie universitaire. Principaux enseignements : 30 % des répondants, sans distinction de genre opérée, ont été victimes de harcèlement sexuel au cours de leur formation hospitalière (38,4 % des femmes). 6 % des étudiantes ont subi une agression sexuelle.

Assortie de nombreux témoignages, l’enquête montre qu’au delà d’un « sexisme ordinaire », « les agressions et viols sont des problématiques rencontrées par les étudiantes. » Une violence qui impacte durement la santé mentale des étudiants. Dans le milieu hospitalier, la découverte de ce fléau se fait dès la deuxième année de formation. Dans neuf cas sur dix, le harcèlement est le fait d’un supérieur hiérarchique, c’est-à-dire un professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH), un chef de service, un PH voire un interne, détaille l’Anemf.

« Cette enquête a mis en lumière une situation à laquelle on ne s’attendait pas : les patients sont eux aussi victimes ou agresseurs, explique le vice-président de l’Anemf, Antoine Farjaudoux. De nombreux témoignages déplorent les réflexions sexistes faites à des étudiants par des patients, des mains aux fesses pendant les toilettes…». Par ailleurs, les étudiants relatent avoir été témoins d’agressions de patients : « touchers vaginaux, sans but médical et sans consentement », ainsi que de nombreux cas d’homophobie et de racisme. »

Dans ce contexte alarmant, l’Anemf, qui veut briser « l’omerta » sur ce sujet, formule vingt propositions. Parmi elles, relevons le lancement d’une campagne de sensibilisation et d’information, des temps de sensibilisation obligatoires dans les amphithéâtres et auprès du corps enseignant et des encadrants de stage, notamment sur la prise en charge des victimes, l’édition prochaine d’un guide, la nomination de personnes ressources dans chaque structure, la facilitation des démarches de signalement, des sanctions financières à l’encontre des établissements hospitaliers, si aucune mesure n’est prise…

Enquête sur les violences sexistes et sexuelles, mars 2021, en pdf sur le site de l’Anemf

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