Une recherche publiée dans Acta psychiatrica scandinavica montre un risque plus élevé de pathologies cardio-vasculaires et de tentative de suicide chez les patients bipolaires présentant une hyperréactivité émotionnelle en phase de rémission. Le psychiatre et chercheur A. Dargél propose un résumé de cet article.
Les troubles bipolaires se caractérisent par la récurrence d’épisodes d’exaltation de l'humeur (manie/hypomanie) et d’états dépressifs. Entre ces épisodes, c’est-à-dire pendant les périodes de rémission, la plupart des patients présentent une instabilité émotionnelle chronique.
Outre le risque suicidaire, la mortalité et la morbidité de ces troubles sont en grande partie liées aux pathologies associées, notamment aux maladies cardio-vasculaires. Ainsi, l’espérance de vie des patients bipolaires est réduite de 10 ans en moyenne par rapport à la population générale.
Dans ce contexte, une recherche a cherché à évaluer, pendant la période de rémission, l’impact de l’hyperréactivité émotionnelle sur la santé des patients, sur le risque cardio-métabolique indiquant à terme, une mauvaise évolution de la maladie. Les chercheurs ont étudié un large panel de marqueurs cliniques et biologiques chez 635 patients bipolaires. Une méthode innovante d’analyse prédictive, « machine learning », a permis de prédire quels sont les marqueurs les plus pertinents pour caractériser un patient bipolaire avec hyperréactivité émotionnelle.
Cette étude a mis en évidence chez les patients bipolaires présentant une hyperréactivité émotionnelle, en phase de rémission, un risque plus élevé de pathologies cardio-vasculaires liées à une augmentation significative de la pression artérielle, de la glycémie et de l’inflammation chronique, ainsi qu’un risque plus élevé de tentative de suicide.
Ainsi, l'évaluation de l'hyperréactivité émotionnelle chez les patients bipolaires est cliniquement pertinente, notamment pour identifier ceux ayant un risque plus élevé d’altérations cardiovasculaires et métaboliques, d'inflammation chronique et de suicide. Elle permettra la mise en place d’interventions préventives centrées sur la régulation émotionnelle et le risque cardiovasculaire.
Emotional hyper-reactivity and cardiometabolic risk in remitted bipolar patients : a machine Learning approach. Dargél et al. Acta Psychiatrica Scandinavica, 15 mai 2018, https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/acps.12901