Le mal être des étudiants en soins infirmiers

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La Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) dévoile une enquête sur le ressenti, le vécu et le comportement de ses étudiants. Précarité financière, problème de sommeil, consommation de tabac, de toxiques et de psychotropes, souffrance psychique… l'état des lieux est inquiétant. La Fnesi lance l'alerte et propose des solutions.

Au total, pour cette enquête, 14 116 réponses d’étudiants en soins infirmiers (ESI) (dont 2 100 contenaient des témoignages) ont été reçues et 14 055 réponses se sont avérées exploitables.
– Après les difficultés financières, le premier point abordé est la consommation de tabac : les ESI sont 38,5 % à se déclarer fumeurs/euses. Parmi eux, 8,2 % ont commencé à fumer lors de leurs études et 67 % signalent que cette consommation a augmenté au cours de leur formation
– Concernant la consommation de drogues 21,7 % se déclarent consommateurs de substances illicites. Le cannabis est la drogue la plus consommée depuis l’entrée en formation, par 18,8 % des ESI.
– Plus globalement les comportements à risques émergent chez 31,5 % des ESI depuis leur entrée en formation (conduite en état d’ivresse, rapports sexuels non protégés, consommation d’alcool ou de drogue).
La santé psychologique : 52,5 % des ESI déclarent qu'elle s'est dégradée depuis leur entrée en formation.

La fréquence de l’épuisement psychologique est alarmante. En effet, 61,8% des ESI se déclarent souvent ou tout le temps épuisés psychologiquement. Le stress est un des éléments piliers de cet épuisement psychologique puisque 78,2 % des ESI se déclarent tout le temps ou souvent stressé (85,9 % des 3 ème année contre 66,2 % en 1ère année). Le mal-être des ESI se manifeste de diverses manières avec des chires qu’il convient d’observer. Parmi eux, 33,9 % ont déjà souffert de crises d’angoisses depuis leur entrée en formation. Par ailleurs, 19% déclarent avoir déjà souffert de dépression et 7 % présentent des idées suicidaires. Néanmoins seulement 13,8% ont fait la démarche de consulter un professionnel de la santé mentale.

Par ailleurs, 27,3% des ESI déclarent avoir déjà consommé un ou plusieurs médicaments psychotropes depuis leur entrée en formation pour 36% des 3ème année (anxiolytiques, hypnotiques et antidépresseurs). Notons la différence avec la population générale où environ 18 % des 18-75 ans déclarent avoir consommé au moins un médicament psychotrope au cours de l’année selon l’enquête 2010 du Baromètre santé. Le taux  de consommation d'anxiolytiques est de 10% soit dix points de moins que les ESI.

Le suicide est aussi présent chez les étudiants en soins infirmiers. Parmi la population interrogée, 7% déclarent qu’un ESI a tenté de se suicider dans leurs IFSI depuis leurs entrée en formation et 4,7% ont connu au moins un cas de suicide dans leur établissement. Malheureusement, 38,1% des ESI s’estiment jamais ou rarement soutenu psychologiquement par leur équipe pédagogique et/ou direction. Les origines de ce mal-être psychologique sont la pression continue en stage ou face à la formation, la précarité ou encore la fatigue.
D’autres facteurs entrent en jeu et seront développés : les actes de maltraitances.
Face aux sensations de discriminations, 36,5 % des ESI estiment en avoir été victimes depuis leur entrée en formation 33,4% des ESI déclarent avoir déjà été harcelés par un soignant. A l’IFSI, 7,6% ont ressenti du harcèlement de la part d’un formateur et 2,2% d’un directeur.
 
Les propositions de la FNESI
– refondre l'accès à la formation en supprimant toute sélection via l'outil "Admission Post Bac"
– intégration entière des soins infirmiers à l'université
– accès aux services du CROUS
– revoir le régime de Sécurité sociale etudiante pour un meilleur accès aux soins
– accès au Service universitaires des activités physiques et sportives (SUAPS) et au Centre de santé universitaires (CSU)et aux Services universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé (SUMMPS)
– intégrer l'enseignement des risques psychosociaux à la formation et favoriser l'écoute des étudiants en IFSI
– mettre en place une évaluation obligatoire par les ESI des lieux de stage
 – redéfinir le rôle et le statut de tuteur