La thérapie familiale montre de bons résultats dans le traitement de l'anorexie mentale sévère. Ainsi, par rapport à une prise en charge classique, le fait de travailler sur les relations intra-familiales durant 18 mois après une hospitalisation, multiplie par 3 les chances de retrouver un état de santé correct. Ces résultats, dont le bénéfice semble se maintenir à long terme, sont le fruit d'une étude menée par une équipe de l'Inserm (1) à l'Institut mutualiste Montsouris à Paris auprès de 60 jeunes filles.
"La thérapie familiale associe les parents et les frères et sœurs de plus de 6 ans. Elle ne prend pas en compte l'alimentation en tant que telle mais seulement les relations et la dynamique intrafamiliales, explique Nathalie Godart. Une fois par mois, les membres de la famille sont réunis pendant une heure trente autour d'un thérapeute qui travaille autour de plusieurs axes ; l'histoire intergénérationnelle de la famille, ses relations actuelles ou encore le vécu de l'anorexie par les différentes personnes".
Au terme des 18 mois, les résultats montrent que les jeunes filles qui ont suivi une thérapie familiale se portent mieux que les autres. Elles ont 3,2 fois plus de chance d'aller "bien" ou "à peu près bien" que dans le groupe avec le seul traitement classique selon un indice incluant plusieurs critères dont le poids, la présence de règles ou encore l'association d'autres troubles alimentaires comme la boulimie. Elles sont deux fois plus nombreuses à être sorties du stade critique de l'anorexie en terme de poids et davantage d'entre elles ont retrouvé leurs règles. "Ces travaux sont très en faveur de la thérapie familiale. Depuis ces résultats, nous proposons systématiquement à toutes les patientes hospitalisées un suivi classique associé à une thérapie familiale. Certaines familles peuvent être un peu réticentes à associer les frères et sœurs à cette prise en charge mais d'autres sont très demandeuses pour faire face à la maladie", précise Nathalie Godart.
En outre, ces bons résultats pourraient bien se confirmer à plus long terme avec un bénéfice qui semble se maintenir à 5 ans selon les travaux toujours en cours au sein de l'Institut
* Godart et coll. A randomized controlled trial of adjunctive family therapy and treatment as usual following inpatient treatment for anorexia -nervosa adolescents. PLos ONE, january 2012, vol. 7, Issue 1, e28249.
1) Unité Inserm 669 "Troubles du comportement alimentaire de l’adolescent"
- Un résumé des résultats de cette recherche est à consulter sur le site inserm.fr
- A lire Repenser l'anorexie, Santé mentale, n° 168, mai 2012.