Prendre soin du travail, une journée d’études

Une journée d’études intitulée « Prendre soin du travail » s’est déroulée le 29 septembre dernier à Paris, organisée par l’Institut du management de l’École des hautes études en santé publique (EHESP). Ce colloque a réuni des professionnels et des chercheurs autour du management dans les établissements de santé. Parmi les 150 participants, les cadres de santé et les directeurs de soins, majoritaires, ont pu exprimer leurs difficultés en matière de management en raison des réductions de postes et de la surcharge de travail.
Viviane Kovess-Masféty, psychiatre et épidémiologiste, a fait une communication remarquée sur la santé mentale des personnels dans les établissements sanitaires et sociaux. Selon elle, ce sont les médecins qui se suicident le plus (anesthésistes et psychiatres en tête) suivi par les infirmières. Pour la psychiatre, ce phénomène s’explique par plusieurs risques spécifiques : des activités proches de la mort et de la souffrance, un hyperinvestissement professionnel, un accès facile aux moyens létaux, un rythme de travail irrégulier qui peut engendrer des difficultés dans la vie personnelle, des changements permanents (mobilité, ambiguïté des rôles, réformes constantes, pression financière, manque de communication, faible valorisation) et enfin la violence des patients ou de leur famille. « Les professionnels déclarent qu’ils sont trois fois plus tristes en 2005 qu’en 1991, en revanche les chiffres de la maladie dépressive n’ont pas bougé. C’est donc surtout le mal-être qui se développe », constate Viviane Kovess-Masféty, qui met en garde contre le développement dans les entreprises du « suicide-business » (coaching, cellule d’écoute, groupe de parole…). Cependant les problèmes de santé mentale restent tabous et un réel travail de déstigmatisation semble prioritaire pour aider les personnes à risque.