« Apporter de nouvelles réponses pour l’accès au logement et aux soins des personnes sans-abri souffrant de troubles psychiques sévères », tel est l’objectif du dispositif « Un chez-soi d’abord » (1) qui démarre en janvier 2012 dans quatre métropoles, Paris, Marseille Lille et Toulouse. L’idée consiste à passer d’une logique d’hébergement systématique (éventuellement d’urgence) à la possibilité d’un «chez soi» à savoir « un lieu qui procure intimité sécurité en stabilité» selon une proposition du Rapport sur la santé des personnes sans chez-soi (2). En d’autres termes, sortir de l’hébergement précaire qui entretient et banalise l’errance chronique pour proposer une base solide d’habitat, plus efficiente pour les personnes à court, moyen et long terme. Il s’agit avant tout d’un programme expérimental qui, sur trois années, tentera de démontrer que la santé mentale est en lien direct avec la possibilité d’un chez-soi et que le modèle proposé est plus efficace que les autres solutions d’hébergement. Un pôle de recherche étudiera à l’échelle nationale et locale de manière qualitative et quantitave la trajectoire des personnes suivies en logement comparée à des suivis plus « classiques”. Au cours de cette phase expérimentale, l’objectif est que 100 personnes sans-abri atteintes de troubles psychiatriques sévères (notamment psychose, bipolarité) soient accompagnées et orientées directement vers un logement ordinaire. L’accompagnement et le suivi sont assurés par une équipe pluridisciplinaire médico-sociale, composée d’un psychiatre (coordinateur opérationnel de l’équipe), d’infirmiers, de travailleurs sociaux (dont des médiateurs de santé-pairs, eux-mêmes usagers), d’un responsable addiction/réduction des risques, d’un spécialiste de captation de logement, d’un secrétaire. La participation des usagers à des activités communautaires, à l’organisation des soins ou encore à la définition du programme est au cœur d’une stratégie orientée vers le « rétablissement ». C’est un des éléments clefs de l’expérimentation, à travers notamment la mise en œuvre de groupes d’entraide mutuelle (GEM), ou l’implication des usagers dans les comités de pilotage et de recherche. Ce programme d’accompagnement s’inspire directement des dispositifs canadiens et américains (housing firts), qui ont permis de réduire non seulement les durées moyennes d’hospitalisation mais aussi les incarcérations. Selon les sites, 70 à 80 % des personnes sont encore dans leurs logements après 4 ans.
1– Plus d’informations sur cette stratégie et sur la recherche sur le site du ministère chargé du Logement.
2– La santé des personnes sans chez soi. Plaidoyer et propositions pour un accompagnement des personnes à un rétablissement social et citoyen, Rapport remis à Madame Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé et des Sports, novembre 2009.