BORDEAUX
Congrès français de psychiatrie et de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent
La notion de trouble du développement en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent est ancienne dans l’histoire de la clinique psychopathologique de l’enfant et de l’adolescent. Ce concept fédère autour de lui des champs disciplinaires différents de la psychiatrie, de la psychologie, de l’orthophonie, et de la psychomotricité pour tenter de comprendre et d’accompagner les altérations précoces identifiables chez l’enfant. Pourtant, l’identification des troubles spécifiques dans le domaine du développement et leur regroupement au sein d’entités plus globales tel que le retard mental ou plus spécifiques telles que les altérations du langage, de la motricité et plus tard de l’autisme semblent avoir séparé ces problématiques développementales du champ d’une psychopathologie plus structurée autour des anomalies des relations et des émotions.
Aujourd’hui, ces différents troubles du développement semblent être un peu mis en périphérie du champ de la psychopathologie et parfois repris par d’autres spécialités médicales telle que la pédiatrie ou la neuropédiatrie.
Alors que les troubles du développement entrent pleinement et légitimement dans le champ de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, d’autres spécialités médicales telles que la pédiatrie ou la neuro-pédiatrie avancent aujourd’hui sur le terrain du développement.
L’entrée dans la nosographie du terme de neurodéveloppement est venu jeter le trouble sur l’entre- deux» de ces anomalies. Pourtant, si le développement des neurosciences a pu montrer que des altérations de certains réseaux neuronaux étaient fréquemment associées à ces pathologies, la question de la causalité reste bien évidement une question extraordinairement complexe. Si la meilleure connaissance du développement du cerveau est une formidable porte d’entrée pour comprendre certains mécanismes du développement psychologique, elle ne peut, pour autant, être suffisante pour comprendre le fonctionnement de la personne. Ainsi, nombreux sont les facteurs de l’environnement qui contribuent à faire d’altérations cérébrales identiques des trajectoires individuelles différentes. Et plus que jamais, les termes d’épigénèse, d’adaptation, de compensation, d’interaction accompagnent le développement de ces connaissances issues des neurosciences. En d’autres termes, le développement d’anomalies cérébrales précoces ne saurait établir un déterminisme ni a fortiori une fatalité. C’est donc un enjeu majeur d’identifier et d’intervenir sur les processus qui vont contribuer à compenser ou à aggraver la trajectoire développementale de la personne.
C’est tout le débat aujourd’hui tant d’une clinique qui ne doit pas substituer le modèle à l’observation que d’une recherche plurielle où les neurosciences doivent cotoyer l’épidémiologie, la sociologie et l’anthropologie, dans un concert épistémologique. Mieux comprendre l’environnement et son interaction avec les réseaux cérébraux, c’est mieux accompagner l’enfant… Cela ouvre de nombreuses questions autour de la place de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de demain dans sa formation, dans ses organisations et ses interventions. Ce sont toutes ces questions qui ont animé la réflexion du comité d’organisation et le choix de la thématique de ce congrès. Nous souhaitons voir débattues ces questions sous des regards pluriels et dans des perspectives aussi bien théoriques que cliniques et thérapeutiques. Elles le seront avec des intervenants reconnus et variés, autour de thèmes différents et d’actualité. Quels rôles pour l’environnement chimique ou numérique ?
Rens. : tél. : 01 57 01 36 60, nadia.ecalle@creai-aquitaine.org, www.congres-psychiatrie.fr