Du 30/09/2016 au 01/10/2016

Soigner le corps

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Le corps du malade, le corps de la médecine : un grand écart, une inquiétante étrangeté.

Nantes

IIIe Congrès national organisé par l’association Corps & Psyché.

Lorsque le corps dysfonctionne, qu’il confronte le sujet à la souffrance, qu’il met son existence en péril, il ne lui reste plus qu’à avoir recours à la médecine. Son corps est alors soumis à l’auscultation, la palpation, l’observation, du praticien qui en sait ou en saurait quelque chose de son fonctionnement et de ses aléas. Ce dernier peut même demander des images de l’intérieur de ce corps, il peut le percer, le trouer, le faire ouvrir, tout cela pour le plus grand bien de l’homme moderne. Ce corps bio-anatomique, dont on peut même changer parfois certains de ses composants, n’est-il plus qu’une machinerie, que le patient ne maîtrise pas, lorsqu’il tombe malade, ou que son corps subit les dommages d’un accident. Ce corps-machine se rappelle à nous, par les douleurs et la gêne qu’il nous occasionne, mettant à mal la représentation d’un corps triomphant dans sa séduction et son fantasme d’immortalité. Comme le rappelle David Lebreton, avec les anatomistes et tout particulièrement Vésale naît une distinction implicite dans l’épistemè occidentale entre l’homme et son corps, ce dernier n’étant plus alors associé à l’être mais à l’avoir. La médecine nous fournit même maintenant à de multiples reprises des images de notre propre corps, non plus de simples planches anatomiques anonymes. Ce poumon, ce cœur, ce rein est le mien et la forme de son image vient valider un diagnostic, plus ou moins grave, qui me fait passer de « bien-portant » à malade. Lorsque l’interprétation de ces images penchent pour l’absence d’une pathologie, nous pouvons quelques instants nous sentir associés au triomphe et à la toute puissance de la médecine occidentale, mais il en va tout autrement lorsqu’une anomalie est repérée. Il se produit, tel que peuvent le rapporter certains patients ce sentiment d’inquiétante étrangeté comme Freud l’a proposé en 1920. Mon corps qui m’était si familier dans ses rythmes, ses éprouvés, ses constructions fantasmatiques, me devient étrange, je n’en maîtrise plus rien, il m’a trahi, je lui en veux, mais peut-on en vouloir à son corps, si ce n’est à soi ! Cet intérieur du corps dans lequel se loge la maladie, est en effet un bien étrange, assemblage de viscères, de réseaux de nerfs et de vaisseaux, sommes-nous cela, ne sommes-nous que cela ? Quelle faute réelle ou imaginaire a été commise, pour en expliquer le dérèglement ? Les pensées, les représentations conscientes et inconscientes sur le corps peuvent devenir en cas de maladie grave ou chronique, envahissantes pour l’espace psychique. Danièle Brun (2006) voit elle dans les désordres somatiques qui affectent le malade comme son entourage, une désorientation, qui lui fait appréhender son corps comme : « à mi-chemin entre l’animé et l’inanimé, à mi chemin entre le familier, le connu et l‘étrange, l’inquiétant, l’occulte. » Cette confrontation inévitable à un corps, que la médecine semble déshumaniser, pour le mieux soigner et réparer, crée ce sentiment d’inquiétante étrangeté, qu’une pratique comme le prélèvement et la transplantation d’organes viennent révéler comme en étant une des situations extrêmes.

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