30-31 mars 2023 - Paris

Récits de la violence sexuelle, transmission, transposition

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Journées Nationales de l’Association pour la recherche et le traitement des auteurs d’agressions sexuelles (ARTAAS)

La pratique clinique confronte au quotidien à ce qui, de la violence, relève de la répétition. La violence sexuelle, non seulement n’y échappe pas – le constat selon lequel la majorité des adultes qui commettent des violences sexuelles en ont subi de pareilles enfants est sans appel – mais fait même figure de miroir grossissant pour appréhender la part de transmission pathogène de la violence ; transmission qui apparaît ici sous les traits de la contagion, de la propagation d’un sujet à l’autre, d’une génération à l’autre. Au croisement du psychotraumatisme et du recours à l’acte, nous nous intéresserons ainsi aux différents récits possibles de la violence sexuelle tels qu’on les rencontre dans l’expertise, le soin et la création artistique.

La rencontre avec le processus judiciaire plaçant le sujet dans la situation de dire quelque chose de cette violence et d’en brosser l’histoire, l’expertise peut constituer un moment privilégié, une partie féconde du processus plus général de transformation des effets désubjectivants de la violence par sa façon de restituer la dynamique des agirs d’un sujet, notamment dans leur dimension messagère. Du passage de l’intime au public, il en va ici de la transmission comme communication.

D’autre part, si les cadres institutionnels nous conduisent à recevoir des patients qui sont en position d’être désignés soit comme auteurs, soit comme victimes, l’écoute du psychotraumatisme s’attache aux processus susceptibles d’inscrire l’acte / l’événement violent dans une temporalité psychique ouverte aux remaniements de l’après-coup. Là où la demande sociale tend à dessiner une frontière de part et d’autre de laquelle se situeraient des hommes et des femmes aux prises à des enjeux antagonistes, l’exercice du soin psychique est – du transmissio latin – « traversée, passage ».

Pareillement, nous évoquerons les destins que peut rencontrer la violence sexuelle lorsque la création artistique – notamment littéraire et cinématographique s’en empare. Traduisant des éprouvés bruts en récits partageables, l’art offre à la violence un espace symboligène qui permet que circulent dans la cité des représentations nécessairement plus complexes que celles inspirées par la tentation du manichéisme.

Enfin, nous nous pencherons au cours de ces journées sur la violence sexuelle des femmes et sa transmission par l’écriture clinique. Sa faible représentativité – liée à son infime judiciarisation – pouvant lui donner l’apparence d’un territoire encore inexploré, cela nous permettra de témoigner, dix ans après la mort de Claude Balier, fondateur de l’ARTAAS, du renouveau des questionnements que notre association s’attache à faire travailler depuis sa création.

Rens. : artaas2008@gmail.com, www.artaas.org