15 Mai 2020 - Avignon

Les murs de l’asile – Journée en hommage à Roger Gentis

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AVIGNON

Journée organisée par le groupe de travail Le collectif, l'association ASEM du CH Montfavet et l'association culturelle du CH d'Alès

Au cours des années 70, Roger Gentis, psychiatre de son état, publia chez un éditeur réputé pour ses engagements, un pamphlet intitulé Les murs de l’asile dans lequel il dénonçait avec une certaine
vigueur, voire véhémence, et dans une langue inhabituelle et peu admise dans le monde feutré des congrès et autre cénacles professionnels, la misère contemporaine de la psychiatrie, les conditions de vie pitoyables des malades, le rejet dont ils étaient l’objet, et plus globalement la pauvreté et quelquefois la violence des réponses qu’une certaine psychiatrie s’ingéniait à leur apporter.

Ce « coup de gueule », poussé par R, Gentis, était celui d’un praticien qui, soumis à de multiples et diverses contraintes aussi bien administratives qu’idéologiques, devait se battre quotidiennement pour pouvoir simplement continuer à exercer une clinique digne de ce nom, cette clinique héritée entre autres de l’aventure institutionnelle saint-albanaise et du mouvement désaliéniste. 

Sa publication eut un effet de révélateur, ce texte, porté par la colère, intéressa rapidement un public beaucoup plus large que celui des professionnels. Car non seulement, ce texte interpellait la «société civile» sur son silence, son désintérêt, son ignorance, voire son mépris à l’encontre de ceux que la folie avait un jour touchés, mais il montrait aussi et surtout combien sa responsabilité était engagée dans l’abandon et la maltraitance dont ils étaient les victimes. Ce faisant, il avait l’outrecuidance d’affirmer que la folie était l’affaire de tous, que l’on ne pouvait se contenter d’en confier son traitement à quelques experts, sans en revenir à ses conditions d’émergence et à son accueil.

Praticien des hôpitaux publics, écrivain, critique, poète, il fut un compagnon de route de François Tosquelles, Jean Oury, autant de cliniciens qui se reconnurent dans le mouvement dit de Psychothérapie Institutionnelle. La pensée de R. Gentis, déclinée dans de nombreux ouvrages et revues, d’un style toujours aussi alerte et percutant, reste d’une brûlante actualité.
Roger Gentis est décédé le 1er août 2019 à Orléans.

Nous proposons, en hommage à sa pensée et à son engagement, de nous retrouver lors d’une journée de travail non seulement pour commémorer le personnage mais aussi, profitant de son élan et de son style, pour interroger les pratiques psychiatriques contemporaines. 4 axes de réflexion seront proposés et déclinés de la façon suivante : 

1. «  Un psychiatre qui savait écrire «
A trop vouloir tordre la langue, à trop vouloir la rendre commune, n’est-ce pas le sens même des mots que nous perdons ? Et en perdant le sens des mots, ne perdons-nous pas le sujet et la possibilité d’aller à sa rencontre ?

2. « La psychiatrie doit être faite et défaite par tous »
Si la folie a quelque chose à nous enseigner quant à la condition de notre être au monde que nous enseignerait-elle ? Et comment cet enseignement pourrait-il se transmettre ?

3. « Guérir la vie »
« C’est vrai que la folie est la chose du monde la mieux partagée. C’est vrai que si on se met à parler maladie, chacun est malade d’une façon ou d’une autre, que si on parle de soins, tout le monde aurait à se soigner et à guérir de quelque chose. » R . Gentis

4. « Les murs de l’asile »
« L’avenir de la psychiatrie (ou de ce qui lui succédera) ne se joue que secondairement dans les institutions psychiatriques : c’est dans l’ensemble de la société, dans les remaniements économiques et sociaux en cours, que se fait et se défait le visage de l’assisté, du handicapé, du malade, du fou, de l’exclu. » R. Gentis

Rens. : hanna.slomczewska@ch-montfavet.fr